Gabon : l’internet coupé et un couvre-feu instauré

Immédiatement après avoir voté, le principal opposant à Ali Bongo a dénoncé des fraudes «orchestrées» par le Président au pouvoir depuis 2009. Dans la foulée, internet a été coupé «jusqu’à nouvel ordre» par les autorités et un couvre-feu mis en place.

Présidentielle au Gabon

Les bureaux de votes n’étaient pas encore fermés que déjà les accusations de fraudes se sont mises à pleuvoir et le gouvernement à sévir. Samedi 26 août au soir, les autorités gabonaises ont décidé de couper internet et d’instaurer un couvre-feu, invoquant des risques de violences peu avant la fin de l’élection présidentielle.

Elle opposait Ali Bongo à son principal opposant, Albert Ondo Ossa, qui venait de dénoncer des «fraudes orchestrées» par le président et d’exiger d’être proclamé vainqueur à l’issue du scrutin. Albert Ondo Ossa, très vindicatif immédiatement après avoir voté, avait aussi demandé sur les réseaux sociaux au président Bongo, au pouvoir depuis quatorze ans, de «partir», se portant «garant» de sa sécurité du pays.

Deux heures à peine plus tard, l’internet a été coupé et le ministre de la Communication, Rodrigue Mboumba Bissawou, a annoncé à l’antenne de la télévision d’Etat que le gouvernement instaurait un couvre-feu nocturne de 19 heures à 6 heures à compter de dimanche et l’obligation de demander une autorisation trois jours avant d’organiser toute réunion ou manifestation.

Autant de décisions prises au nom de l’«intérêt supérieur de la Nation» et de la nécessité de parer aux «appels à la violence» et aux «fausses informations» sur les réseaux sociaux. La télévision publique a ensuite annoncé que la fermeture de certains bureaux de vote avait été repoussée de plusieurs heures, nombre d’entre eux n’ayant ouvert que très tardivement en raison notamment de l’absence de matériel de vote.

Certains seraient même restés fermés selon l’opposition qui assure que plusieurs bureaux manquaient de bulletins au nom de Albert Ondo Ossa et que ceux des candidats qui s’étaient officiellement désistés en sa faveur étaient en revanche toujours présents dans d’autres. Interrogé sur ces accusations, le Centre Gabonais des Elections (CGE), l’instance qui organise les scrutins, n’a pas voulu faire de commentaires.

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Les médias français suspendus

Dans la soirée, la chaîne de télévision publique citant le Haute Autorité de la Communication (HAC), a en outre annoncé «l’interdiction provisoire de diffusion au Gabon des médias France 24, RFI et TV5 Monde» auxquels il est «reproché un manque d’objectivité et d’équilibre dans le traitement de l’information en lien avec les élections générales en cours».

Samedi, quelque 850 000 Gabonais étaient appelés à voter pour l’élection présidentielle, législatives et municipales, toutes sur un tour de scrutin. Ali Bongo, 64 ans, brigue un troisième mandat face à Albert Ondo Ossa, son plus sérieux rival, derrière lequel s’est rangée tardivement la plus grande partie de l’opposition.

Ces élections se déroulaient sans observateurs internationaux, africains comme européens et aucun journaliste étranger n’a reçu les accréditations demandées ou n’a été autorisé à entrer au Gabon pour les couvrir, s’était ému la veille Reporters sans Frontières.

Ali Bongo avait été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo, qui dirigeait le Gabon depuis plus de quarante ans.

Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son manganèse et son bois notamment. Mais «le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive» et un tiers (32,9 %) de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, écrivait la Banque mondiale en avril 2023.

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