Au Niger, un arrêté du ministère de l'Intérieur du gouvernement de transition daté du 29 janvier suspend les activités de la Maison de la presse. Cette association, qui représente l'ensemble de la profession des journalistes et constitue un lieu d'échange, de débats et veille au respect de la liberté d'informer dans le pays, est donc désormais empêchée de suivre ses activités. L'arrêté annonce que le ministère installera de nouveaux administrateurs à la tête de l'association.
Au Niger, un arrêté du ministère de l'Intérieur suspend les activités de la Maison de la Presse et annonce que le gouvernement de transition mis en place après le coup d'État du 26 juillet 2023 installera de nouveaux administrateurs à la tête de cette association.
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Pour Ibrahim Harouna, président de la Maison de la presse, il n'y a rien qui puisse justifier cette interdiction. « Il n’y a rien, dans tout le communiqué que nous avons émis, il n’y a rien qui montre que nous sommes en train de militer pour voir partir ce régime qui vient de s’installer, insiste-t-il. « Mais nous sommes préoccupés par les atteintes à la liberté de la presse passées qui se passent, ici, dans notre pays. Plusieurs journalistes ont été menacés, il y a des journalistes qui ont été violentés ici. Et c’est de la responsabilité de ceux qui sont au pouvoir de protéger les journalistes et de protéger la liberté d'expression. ».
Il poursuit : « Nous ne pouvons pas laisser et regarder violer la liberté de la presse et la liberté d’expression dans notre pays qui empêche les journalistes de faire notre travail. Donc, malheureusement, c’est ce travail qu’on ne veut pas que nous fassions, et on veut qu’on mette des gens à la tête de cette organisation qui ne vont rien dire, qui vont se taire face à tout ce qui peut advenir en ce qui concerne la liberté de la presse dans notre pays. »
Pour Ibrahim Harouna, cette interdiction est en fait la suite logique et désolante des premières alertes lancées par Reporters sans frontières (RSF) en août 2023 : « C’étaient ces inquiétudes qui nous ont poussés à soutenir le communiqué de RSF pour attirer l’attention de l’opinion nationale, mais aussi internationale sur la liberté de la presse et la liberté d’expression dans notre pays. Et malheureusement, le cas de Samira Sabou est arrivé : une journaliste qui a été enlevée pendant plus d’une semaine sans qu’on ait de nouvelles d’elle. Et c’est donc que notre préoccupation était avérée, nous nous attendions à ce genre de pratiques, et c’est pourquoi nous avons émis ce communiqué, pour attirer l’attention des autorités. Mais, malheureusement, ce qui doit arriver est en train d’arriver. Et donc, nos prises de position sont incomprises ici, et c’est ce qui a amené ces autorités à prendre cette décision. »
Il dresse un parallèle : « Tout ce qui s’est passé au Burkina Faso et au Mali, c’est ce qui est en train de se faire ici au Niger. J’ai été l’année dernière au Burkina Faso, et on a fait le point avec toutes les organisations sous-régionales de ce qui se passe dans ces pays-là, et on est en train de voir que c’est la même réalité, tout ce qui a été constaté comme violation de liberté de la presse et d’expression, c’est ce qui est en train de se passer ici au Niger, et c’est vraiment dommage pour une presse écrite indépendante. »