"Comment j'ai vécu son séjour carcéral"
Placé sous mandat de dépôt depuis le 30 juillet 2024, Amath Suzanne Camara a été libéré par le juge du 3e cabinet, après 3 mois ferme de détention préventive pour offense au chef de l’État et actes de nature à jeter le discrédit sur une institution. L'apériste se confie, à l'OBS, pour la première fois depuis sa sortie de prison.
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"Je suis resté digne dans l’épreuve. Je n’ai pas fait comme certains politiciens qui, une fois en prison, simulent des maladies, observent des grèves de faim ou présentent un dossier médical corsé pour se tirer d’affaires. Je l’ai vécu dignement parce que je suis emprisonné à cause de mon engagement politique. J’ai fait 12 semaines de mandat de dépôt du 30 juillet au 21 octobre".
Les conditions de vie à Rebeuss
"Elles sont très difficiles. Surtout le surpeuplement. Durant mon séjour, j’ai fait deux chambres. Dans la première, il y avait plus de 75 détenus. On vivait dans des conditions très difficiles. Avec 175 personnes, on se partageait une toilette. On passait des heures à faire la queue juste pour faire nos besoins. Même pour prier, j’étais obligé d’attendre la nuit pour pouvoir faire mes ablutions. Parfois, il m’arrivait aussi de les faire au petit matin. Dans ce cas, je me faisais violence pour les garder pures tout au long de la journée. Il a fallu que mon cas soit exposé à la RFM pour qu’on daigne me changer de chambre".
"Je ne compte aucunement changé de ligne"
"Je n’ai pas joué à la victime durant tout mon séjour parce que je me suis dit que je suis dans l’opposition. Et forcément, le régime va donner des instructions pour rendre mes conditions de détention plus éprouvantes. Mais quand-même, je loue le professionnalisme des agents pénitentiaires. Mes convictions et mon engagement politique et syndical vont rester intacts. Je suis toujours resté droit dans mes bottes. Je ne compte aucunement changé de ligne."