La problématique du cumul de fonctions au Sénégal : toujours évoquée, jamais réglée [Opinion]

Le contexte pré-électoral dans lequel nous sommes, justifie ma forte préoccupation liée au cumul de fonctions.

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Nombreux sont nos concitoyens qui sont inscrits sur les listes des candidats déposées par des partis et coalitions de partis pour les élections de Janvier 2022. Je ne me soucie guère de leur présence sur ces listes, ils en ont le droit. Ce qui m’ intrigue par contre c’est que parmi eux, il y a des ministres, des présidents de conseil d’administration, des directeurs généraux de sociétés nationales. D’ailleurs certains pour ne pas dire tous sont des « têtes de listes », ce qui peut leur faire accéder à une fonction élective en tant que maire ou président de conseil départemental.

Par décence morale et par élégance républicaine, une personne ne peut ni ne doit porter plusieurs casquettes de responsabilités alors que d’autres citoyens bardés de diplômes et de compétences peinent à trouver un emploi.

En plus d’être un problème d’éthique, le cumul de charges publiques est un facteur qui handicape l’efficacité dans l’action et la transparence dans la gestion. L’intelligence humaine ne peut pas, aussi forte soit-elle, jouer sur plusieurs claviers avec harmonie. Un ministre-président de conseil départemental par exemple aura du mal à conjuguer ces deux ordres de responsabilités mis sur ses épaules. Il en est de même pour un directeur général-maire qui n’aura pas facilement une vision nette entre la fonction nominative et la fonction élective. Il est aisé de constater pour s’en désoler que la majeure partie d’entre eux accordent plus d’importance à la première au détriment de la seconde.

La problématique était pourtant prise au sérieux par M. Macky SALL candidat aux élections présidentielles de 2012. Il déclarait dans son programme présidentiel « YOONOU YOKKOUTE » (page 24), que la suppression du cumul de fonctions (entre toute fonction exécutive et toute fonction nominative) est une priorité pour lui.

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Loin de moi l’idée de vous intimider, Son Excellence, je pense à mon humble avis que cette promesse doit être traduite en réalité pour donner un sens à votre « gouvernance vertueuse ». Je rappelle que dans ce sens des recommandations ont été faites à votre demande par la CNRI (commission nationale de la réforme des institutions) en 2014 à travers la charte de bonne gouvernance.

Avoir des maires et des présidents de conseil départemental, qui s’attèlent exclusivement à prendre en charge les intérêts locaux au profit de leurs administrés, permet de créer des territoires compétitifs et porteurs de développement. Au même moment, d’autres citoyens avec leurs fonctions nominatives (ministres, présidents de conseil d’administration, directeurs généraux) concentrent leurs efforts sur les objectifs fixés à eux pour les atteindre.

Il est aberrant de voir les mandataires de partis et coalitions de partis défiler devant la Caisse des dépôts et consignations pour déposer la caution afférente aux élections locales entre les mains d’un candidat, Monsieur Cheikh Ahmed Tidiane BA investi par la coalition BENNO BOKK YAAKAR à la Médina. D’aucuns diront que c’est normal car c’est lui le directeur général de cette institution ; justement c’est ce qui dérange !

L’adoption de la loi n°2013-10 du 28 Décembre 2013 portant code général des collectivités locales était une belle occasion de régler ce problème. Malheureusement, la question du cumul n’y est abordée que de façon laconique à travers l’article 100. Cette disposition prévoit que le maire et ses adjoints ne sont pas éligibles au poste de président de conseil départemental : à un vrai problème on apporte une fausse solution.

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