Le Président Macky Sall a su s’imposer en 2012 pour battre son mentor Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle. Le 25 mars de la même année, il accède à la magistrature suprême. À 51 ans, il devient le premier président sénégalais né au lendemain des indépendances. Ingénieur géologue et géophysicien diplômé de l’Institut des Sciences de la Terre de Dakar, Macky Sall est un pur produit du système éducatif sénégalais. Après être élu à la tête du pays, le président mise sur des projets ambitieux et sur le levier économique pour faire « émerger le Sénégal ».
Alors que la prochaine élection présidentielle du Sénégal se tiendra le 25 février 2024, la bataille fait rage entre l’opposition, grandement acquise à Ousmane Sonko, et les partisans du président Macky Sall. Ce duel entre deux hommes aux trajectoires politiques différentes a fini par créer un environnement d’opposition où tous les coups sont permis. Mais d’où est parti le différend entre le Président Macky Sall et son opposant le plus farouche, Ousmane Sonko ?
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Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le président Macky Sall a mis en œuvre une stratégie internationale visant à positionner le Sénégal comme une destination de premier plan pour les investissements étrangers. Seulement, des voix s’élèvent contre une nouvelle forme d’impérialisme. Beaucoup s’allient à la vision de l’opposant Ousmane Sonko. Très critique envers le pouvoir, il n’hésite jamais à partager son point de vue en public. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine de sa radiation de la fonction publique sénégalaise.
Ousmane Sonko est né le 15 juillet 1974 à Thiès, de parents fonctionnaires. Il grandit principalement en Casamance puis effectue ses études supérieures à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis, où il obtient une maîtrise en droit public en 1999. La même année, il est major de sa promotion au concours d’entrée à l'École nationale d'administration (ENA) du Sénégal.
En 2001, Ousmane Sonko sort diplômé de l’ENA, section « Impôts et Domaines » et intègre l’administration publique sénégalaise. Son premier poste le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine dans la banlieue dakaroise. Inspecteur principal des Impôts et des Domaines au début de sa carrière, Ousmane Sonko a été successivement vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il a aussi été auditeur interne en charge de la rédaction de la charte de déontologie à la Direction du Contrôle Interne de la Direction Générale des Impôts et Domaines.
Ousmane Sonko, de syndicaliste à opposant
Après seulement trois ans dans l'administration, il participe à la création du Syndicat Autonome des Agents des Impôts et Domaines dont il est le Premier secrétaire général d'avril 2005 à juin 2012, avant de devenir Secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2016. À cette période, il commence à critiquer le gouvernement et pointe du doigt les « anomalies fiscales et budgétaires » de l’État en mettant en cause le président Macky Sall.
« Voilà une Assemblée Nationale qui ne l’est que de nom, avec une majorité de députés qui ne comprennent absolument rien aux enjeux, beaucoup d’entre eux n’en ont même pas les compétences ou la formation, qui sont téléguidées ou télécommandées à partir du palais de la République », avait déclaré Ousmane Sonko.
Suite à cela, il est radié par le décret N°2016-1239 du président Macky Sall pour "manquement au droit de réserve". Cet épisode, largement relayé par la presse sénégalaise, a permis de révéler Ousmane Sonko au grand public. Président du parti politique Pastef créé en janvier 2014, soit 2 ans avant sa radiation, il est élu député à l’Assemblée nationale du Sénégal aux élections législatives de 2017.
À neuf mois de la présidentielle, la légalité d’une troisième candidature du chef de l’Etat et une probable participation de l’opposant Ousmane Sonko polarisent le pays. L’actuel chef de l’État ne s’est toujours pas prononcé autour d’une éventuelle troisième candidature, qui divise l’espace politique. Une lutte pour le pouvoir dont Ousmane Sonko, chahuté par la justice, pourrait bien faire les frais. Ce lundi 8 mai, le procès pour « diffamation » renvoyé en appel contre le principal opposant au pouvoir s’est ouvert à Dakar.
Condamné en première instance à deux mois de prison avec sursis assortis d’une amende de 200 millions FCFA, Ousmane Sonko a vu sa peine nettement alourdie. Le dernier verdict fait état de six mois de prison avec sursis et de dommages-intérêts à payer à la partie civile.
Une condamnation qui, si elle devient définitive, scellerait les chances de participation du leader du Pastef à l’élection présidentielle de 2024. En effet, il serait inéligible aux yeux des articles L.29 et L.30 du code électoral.