Adji Sarr- Sonko : Dans le huis clos judiciaire du dossier Sweet Beauté

Après plus d’un an d’une procédure à l’arrêt, le doyen des juges d’instruction a clôt hier mercredi le dossier Sweet Beauty en renvoyant les deux parties (Ousmane Sonko et Adji Sarr) en jugement. Genèse judiciaire d’un dossier explosif.

Affaire-Sweet-Beauté-Adji-Sarr-Ousmane-Sonko

Comment l’affaire a débuté ?

Le 2 février 2021, Adji Sarr porte plainte contre Ousmane Sonko pour « viols et menaces de mort » auprès du commandant de la section de recherche de la gendarmerie de Colobane, à Dakar. La jeune femme accuse le député de l’avoir « contrainte à avoir des rapports sexuels avec lui » à la fin de séances de massage pratiquées dans le salon Sweet Beauté Spa, où elle était alors employée. Une enquête préliminaire est diligentée par les gendarmes. Elle durera cinq jours.

Convoqué par les gendarmes par un courrier daté du 6 février 2021, Ousmane Sonko refusera, via ses avocats, de se rendre à la convocation en vertu de son immunité parlementaire. Celle-ci sera levée par l’Assemblée nationale le 26 février, bien après la clôture de l’enquête préliminaire. À nouveau convoqué le 3 mars suivant – par la justice cette fois -, l’opposant voit son cortège ralenti sur son trajet vers le Palais de justice par la foule de ses supporters. Lui-même est brièvement arrêté pour « trouble à l’ordre public ». Placé en garde à vue, il est rapidement entendu par le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, qui décide finalement de l’inculper pour viols et menaces de mort tout en le laissant en liberté sous contrôle judiciaire.

Le juge Diallo hérite du dossier, auditions de témoins

Après la mort de l’ancien doyen des juges d’instruction du tribunal régional de Dakar en avril 2021, c’est le juge Oumar Maham Diallo qui a repris en main ce dossier explosif visant l’un des principaux adversaires de Macky Sall. Le 30 mars 2022, le député avait de nouveau réclamé l’accélération de l’instruction. Il n’avait pas eu de contact avec la justice depuis son audition avec l’ancien doyen, qui l’avait placé sous contrôle judiciaire le 8 mars 2021 sans l’entendre sur le fond. La plaignante comme le mis en examen regrettaient publiquement la lenteur de l’instruction. Ils ont été entendus : après plus d’un an à faire du surplace, la justice semble s’est mise en branle dans l’affaire opposant Adji Sarr et Ousmane Sonko.

ADVERTISEMENT

La propriétaire du salon de massage où les viols supposés auraient eu lieu, Ndèye Khady Ndiaye, a été entendue par le juge à le 22 mars 2022. Idem pour son mari. Placée sous contrôle judiciaire et inculpée pour « incitation à la débauche, publication d’images contraires aux bonnes mœurs et complicité de viol », cette dernière avait livré aux gendarmes qui l’avaient auditionnée un an plus tôt à l’occasion de l’enquête préliminaire un témoignage battant en brèche les accusations d’Adji Sarr.

La justice sénégalaise a auditionné jeudi 14 avril 2022 à Dakar Adji Sarr qui accuse de viols le principal leader de l’opposition.

Après Adji Sarr, Ousmane Sonko, visé par une plainte pour viols répétés, a été reçu ce jeudi 3 novembre par le doyen des juges. Le maire de Ziguinchor, qui a toujours dénoncé un « complot politique », a été entendu pour la première fois sur le fond du dossier.

Mardi 6 décembre au palais de justice de Dakar, le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a été confronté à Adji Sarr, qui l’accuse de viols. À l’issue d’une audience de sept heures entamée autour de 11 heures devant le juge d’instruction Oumar Maham Diallo, chaque camp a accusé l’autre d’avoir refusé de répondre aux questions, selon leurs déclarations à la presse. « Ce n’était pas une confrontation, c’était un massacre », a brièvement commenté M. Sonko sur la télévision privée à l’issue de l’audience, devant son domicile à Dakar. « J’ai été un peu déçue, je m’attendais à une confrontation », mais « il a refusé de parler », a déclaré à la presse Adji Sarr : « Il n’a pas répondu au doyen des juges, aux avocats et au procureur. Moi, j’ai répondu à leurs questions. »

Le Docteur Alfousseyni Gaye qui a examiné Adji Sarr a été entendu deux fois. Sa première audition remonte au jeudi 29 avril 2022. Lors de sa seconde audition du gynécologue Dr Alfousseyni Gaye par le juge d’instruction Maham Diallo le 21 novembre 2022, il a révélé une information explosive démontrant sans l’objet d’un doute, l’implication de Mamour Diallo comme acteur principal du complot. Le gynécologue avait déclaré : « Par rapport au certificat médical, le 03 février 2021 dans la matinée, j’ai reçu des appels persistants de Maître So et de Mamour Diallo et tous leurs appels tournaient autour du fait de savoir si j’avais dressé un certificat médical et quel en était le contenu. »

À la suite du médecin Al Fousseynou Gaye qui avait examiné Adji Sarr, le magistrat instructeur a entendu d’autres personnes, Sidy Ahmed Mbaye « le transporteur », l’ex-capitaine de la gendarmerie nationale, Seydina Oumar Touré, le marabout Niassène Mc Niasse qui a donné au juge des audios explosives dans lesquelles la masseuse du Sweet Beauty, en a reconnu l’authenticité. En outre, une autre personne a été interrogée. Il s’agit de la fameuse “Madame Tall” qui s’était présentée comme étant l’ancienne patronne d’Adji Sarr. L’audition de cette dame avait été sollicitée par les conseils du maire de Ziguinchor qui avaient joint, à leur requête, ses contacts téléphoniques. La masseuse Aissata Bâ a été également auditionnée par le juge du 1er cabinet. Elle a confié au juge qu’elle n’a travaillé qu’une semaine à Sweet Beauté, ponctué de 3 massages.

La Der : le Directeur général de l’Onas, Mamadou Mamour Diallo, dont le nom est revenu à plusieurs reprises depuis le début de l’affaire Sweet Beauty, opposant la jeune masseuse Adji Sarr à Sonko, a été entendu, vendredi 23 décembre 2022, par le Doyen des juges, Oumar Maham Diallo. Lors de son audition, il a déclaré estime que les accusations de complot ne sont que diversion : « Je ne suis ni de près ni de loin mêlé à un complot. Je ne connais pas le salon Sweet Beauty et je n’y ai jamais mis les pieds. »

Après avoir entendu tout le monde, le Doyen des juges, Maham Diallo, a transmis un avis de clôture aux avocats et au Parquet dans l’affaire dite « Sweet Beauté » opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr. Ce, pour observations avant de clôturer le dossier.

Dans son réquisitoire, le parquet a demandé au magistrat instructeur une mise en accusation de Ousmane Sonko et de Ndèye Khady Ndiaye. Aussi a-t-il réclamé le renvoi du leader de Pastef et de l’ex-patronne de Sweet Beauty devant la Chambre criminelle. Quid des audios de Mc Niasse et des témoignages de Seydina Oumar Touré, Ndèye Fatou Sène (Mme Tall)…, le parquet ignore royalement tout et affirme qu’ils n’ont aucun rapport avec les faits visés.

Le Doyen des juges, à qui le dernier mot revient a suivi le réquisitoire du procureur en scellant définitivement le sort de Ousmane Sonko. Le magistrat instructeur a décidé ainsi d’inculper le leader de Pastef de viols et de menaces de mort sur la masseuse Adji Sarr. L’affaire est donc renvoyée devant la chambre criminelle pour jugement. En attendant, aucune date n’a été retenue pour la tenue de son procès qui va se dérouler devant la Chambre criminelle du tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar.

ADVERTISEMENT

Témoin d'un événement? Contactez-nous directement sur nos réseaux sociaux ou via:

Email: temoin@pulse.sn

ADVERTISEMENT