Il y a eu certes des coups de gueule et des menaces mais tout cela est à ranger dans l'ambiance d’une démocratie qui doit vivre de contradictions, de contestations s'il le faut. Une interdiction de cette rencontre aurait pu provoquer des remous, de la violence, des blessés et pire des morts. Dans un contexte si surchauffé, le pouvoir a été bien inspiré de ne pas tenter le diable d’une opposition à la manif’ qui serait synonyme d’obstruction à l’expression démocratique remarquable hier.
La manifestation de Yewwi Askan Wi a donc eu lieu. Les grabuges redoutés n'ont pas eu lieu. La coalition de l’opposition qui tenait à se faire entendre après l’invalidation de sa liste nationale par la Direction générale des élections et le Conseil Constitutionnel, a eu largement le temps d’exprimer sa colère.
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Les choses se sont passées selon les règles à quelques exceptions prés comme ces attaques contre des journalistes véritable violation de la liberté. A y regarder, on sent nettement qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Ici, les acteurs politiques nous ont habitués à se faire peur, à nous faire peur, à faire monter les enchères, à bouleverser nos quiétudes en alimentant la chronique, en mettant en exergue leurs sujets favoris. Les veilles d’élections sont souvent anxiogènes dans ce pays.
Curieux exemple démocratique qui étale ses contre-exemples et montre une face hideuse à longueur de journées. Les divergences autour des listes qui suscitent cette vive passion, constituent une plaie béante. Elle ne se cicatrisera pas tant qu’une véritable cure ne soit trouvée. Le mal est connu. L’ordonnance est prescrite depuis belle lurette. Mais on préfère laisser le patient mourir. Il souffre. Il suffoque. Il est en agonie. Il n’est plus pétillant.
Les élections législatives du 31 juillet 2022 risquent de précipiter la fin de cet être en mauvaise posture. Les protagonistes se sont entendus pour ne pas s’entendre. Un éloquent dialogue de sourds qui préoccupe tous les épris de démocratie. Notre confrère, ami et journaliste de l’Info était de ceux qui ont défendu avec hargne les idéaux démocratiques. Sa mort nous dévaste.