Le drame sénégalais est profond. C'est un drame africain. Qu'importe leurs nationalités. Le désespoir pousse des jeunes laissés pour compte à quitter "l'enfer" à la recherche d'un eldorado illusoire. Les chiffres font toujours débat. Comme l’année dernière, le pouvoir sénégalais conteste l’ampleur du mal. La ministre des Affaires étrangères est dans la danse aujourd’hui. Le gouvernement n'a pas pour objectif à dénombrer les morts mais plutôt à résoudre les problèmes... des Sénégalais, avait dit le ministre de l'Intérieur l’an passé. Si on suit cette froide logique, il est très mal placé pour démentir les estimations des organisations qui s’activent dans ce domaine.
À bord des pirogues de fortune, à destination d’un Eldorado peu probable, ils meurent par milliers. C’est ce qui est arrivé à des centaines de candidats à l’émigration à bord.
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Le constat est que si chez eux, ces jeunes ne peuvent pas trouver un emploi décent pour satisfaire leurs besoins, ils se disent mieux vaut aller tenter l’aventure dans un ailleurs meilleur problématique. De nombreux Africains se sont ainsi jetés dans les océans en furie. Ici, au Sénégal, la formule trouvée au début des années 2000, illustre assez une certaine détermination. « Barça ou Barsaq », cri de guerre d’une bonne partie des bras valides de la nation, qui en dit long sur l’état d’esprit de cette immense force inemployée. Un horizon bouché, une crise économique sans fin, des gouvernants passifs.
Autant de facteurs qui pèsent au moment de prendre la décision souvent fatale. Si arrivés à destination dans leurs pays d’accueil, ces Sénégalais tombent comme des mouches et vivent l’enfer, l’inquiétude ne fait que grandir. Entre le marteau d’un mal être au pays et l’enclume de l’insécurité et du racisme à l’étranger, il est difficile de choisir. Nos dirigeants ont la responsabilité d’agir, de se faire respecter pour stopper ce massacre. En ont-ils encore la volonté ?