Au Sénégal, si le code pénal interdit formellement l’interruption de la grossesse, le code de déontologie des médecins autorise l’avortement si trois médecins attestent la nécessité de la procédure pour sauver la vie de la femme enceinte. L’avortement est interdit par la loi. Il est puni de six mois à deux ans de prison et 50 000 à 1 million de francs CFA d’amende.
Malgré les restrictions légales, l’avortement est courant au Sénégal. 34 079 cas d’avortement ont été recensés en 2020, par les services de la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant du ministère de la Santé et de l’Action sociale. La plupart des avortements ont été pratiqués clandestinement et dans des environnements non médicalisés.
34 079 cas d’avortement en 2020
D’après les statistiques fournies précédemment par le Comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste, les avortements à risques représentent la cinquième cause de décès maternels et 50% des admissions en urgence dans les maternités de référence. En 2021, 39 corps de bébés ont été retrouvés au milieu de la décharge de Mbeubeuss. Le chiffre est donné Isidore Gomis, le responsable de la sécurité de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG).
Incidence de la grossesse non planifiée
D’après une étude réalisée par le Guttmacher Institute et basée sur des rapports de l’Ansd, au Sénégal, environ 31% des grossesses ne sont actuellement pas planifiées. En moyenne, les Sénégalaises ont deux enfants de plus qu’elles ne le désirent (5,0 par rapport à 3,2 en 2011).
Selon les estimations, 24% du total des grossesses non planifiées débouchent sur un avortement provoqué ; 60% sur une naissance non planifiée et 16% sur une fausse couche.
24% du total des grossesses non planifiées débouchent sur un avortement provoqué, 60% sur une naissance planifiée, et 16% sur une fausse couche. 50% des femmes vont faire au moins une fausse couche durant leur vie.
Au total, près de deux tiers (63%) des avortements pratiqués au Sénégal le sont par des personnes non qualifiées et sont considérés présenter un très haut risque. Selon les estimations, 38% sont pratiqués par les guérisseurs traditionnelles et 21% sont provoqués par les femmes elles-mêmes.
Environ 4% sont provoqués à l’aide de drogues/médicaments ou autres substances achetées en pharmacie. Un peu plus du tiers sont pratiqués par des professionnels de la santé qualifiés (17% par des médecins et 20% par des infirmières ou des sages-femmes).
La majorité des Sénégalaises qui se font avorter (55%) rencontrent des complications qui requièrent un traitement médical. Quarante-deux pour cent de ces femmes n’obtiennent cependant pas les soins dont elles ont besoin.