Abdoul Mbaye : 'les budgets 2023 et 2024 sont faux'

Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre par ailleurs président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), trouve faux les budgets 2023 et 2024 puisque bâtis sur des données fausses.

Abdoul Mbaye, ancien premier ministre

Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, l’ancien directeur général de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) analyse les budgets 2023 et 2024, lesquels selon lui, sont faux. Abdoul Mbaye explique : "Tout d’abord, il est important de rappeler que la donnée principale pour l’établissement d’un budget, c’est le Produit intérieur brut (PIB) nominal projeté pour l’année à venir puisqu’on est dans un budget et qu’on parle de futur (de prévisions). Sur cette base, les recettes sont calculées en fonction du Pib nominal et principalement en fonction d’un taux de pression fiscale. Ensuite viennent les dépenses. Et de ce point de vue, on attend d’un gouvernement responsable qu’il évite des dépenses excessives pouvant conduire à un déficit excessif, avec des problèmes de financement que cela peut causer. Pour rappel, en 2023, nous étions en année électorale."

Il poursuit : "Et le budget avait été bâti sur un Pib nominal de 10,1% ; du jamais vu au Sénégal. Je crois également que, d’ailleurs, en termes de Pib réel au niveau de la sous-région, c’était quelque chose d’incroyable, qui avait été faussement justifié par le démarrage de l’exploitation du pétrole sur le dernier trimestre de l’année. Ce démarrage n’ayant pas eu lieu, en toute logique, il était nécessaire, dès lors qu’on a constaté que ce taux de croissance n’allait pas pouvoir être atteint, que le pétrole n’allait pas pouvoir démarrer son exploitation, une Loi de finances rectificative (LFR) s’imposait de facto. Et en toute cohérence, il était nécessaire de revoir les choses, en initiant une Loi de finances rectificative (LFR) dès lors qu’il apparaissait claire que ce taux de croissance n’allait pas pouvoir être atteint, puisque l’exploitation du pétrole n’allait pas pouvoir démarrer. Et c’est comme ça que ça se passe dans tous les pays du monde."

L'ex PM, d'ajouter : "Pour dire que vous aviez un budget, vous l’établissez à partir d’une prévision d’évolutions du Pib nominal, donc du Pib réel et du taux d’inflation, et ce, en fonction de l’évolution en cour d’année, s’il y a grosse mise en cause, que vous puissiez réviser votre budget pour le rendre réaliste. L’illogique dans tout ça, c’est qu’il n’y a pas eu de LFR. Et pourtant, ils ont considéré que le taux de croissance allait être limité à 4,1%. Sous ce rapport, c’est totalement anachronique, totalement irréaliste. La conséquence qui découle de tout ça, c’est qu’en réalité on ne peut pas aujourd’hui avoir des chiffres exacts concernant les vraies recettes perçues et surtout le vrai déficit."

A combien se chiffre le déficit ? Il répond : "Ce déficit était évalué à 1045 milliards de francs CFA. Mais, aujourd’hui, on ne sait pas ce qu’il en est devenu réellement, compte tenu du fait qu’il y a eu moins de recettes attendues, à cause de la baisse de la croissance en 2023. Fort de tout cela, la présentation du budget 2024 aurait dû être l’occasion pour le gouvernement de partir des chiffres réalistes. Mais, puisqu’il n’y a pas eu de LFR, ils ont considéré comme base de calcul, pour 2024, les données de la LFI de 2023. Donc, le budget 2023 est faux, puisque eux-mêmes ils ont dit que c’est faux, parce que calculé sur une prévision de croissance de 10,1% ; alors qu’elle est attendue à 4,1%. De ces données fausses, ils ont construit un château de cartes irréel et fragile, sur la base de données fausses non corrigées non réajustées, pour le budget 2024. Vous dites que le budget 2024 est faux puisque bâti sur la base des données de celui de 2023 qui, elles-mêmes, sont fausses. Quelles peuvent être les conséquences de tout cela sur les populations ? Je pense que ça empêche un pilotage objectif et ça soumet la décision à des priorités qui ne sont plus celles du peuple mais plutôt celles de certains de nos gouvernants. Ça va dans tous les sens et, évidemment, c’est le peuple qui trinque."

Il soutient que le budget de 7003,6 milliards est faux. "Ce budget adopté est tout simplement une catastrophe. Certes, le taux de croissance du Pib a été révisé à la baisse, mais ils ont conservé le montant du Pib, chiffrés à 19 008 milliards. Ce qui veut dire que cette base est fausse. Sur cette base du Pib fausse, ils ont appliqué un taux de croissance de 9,2%, qui lui-même est irréaliste", démonte-t-il. "Mais, même à supposer que le réalisme du taux puisse donner lieu à débat, au moins la base est fausse. Et eux-mêmes le confirment puisqu’ils disent que ce n’est pas un taux de 10,1% mais un taux de 4,1%. Donc, la base est fausse. Ce qui veut dire que le Pib nominal retenu pour 2024 est faux."

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