Il peut s'agir d'un aveu qui montre que les soubassements des déplacements du chef de l'Etat sont purement politiciens. La patrie avant le parti, slogan pompeux déclamé dès le début de la deuxième alternance, ne serait donc qu'un leurre. Pourtant, des séries d’inaugurations et lancements de travaux d’infrastructures bien circonscrits, ne peuvent entrer que dans les prérogatives d’un dirigeant d’un pays.
En quoi est-il pertinent d'annuler une tournée économique d'un président de la République à cause d'une campagne électorale ? Des réponses possibles.
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Ce renoncement donne raison à ceux qui sont convaincus que le timing choisi n’est pas neutre. Et que les « campagnes déguisées » sont le lot de nos présidents respectifs. De Senghor à Macky, en passant bien sûr à Diouf et Wade, les moyens de l’État ont toujours été utilisés pour des visées électoralistes. Pourquoi se rendre compte subitement que cette formule ne peut plus être de mise ? Dans ce contexte marqué par d’autres manifestations annoncées, la thèse d’une manœuvre, comme soutenu ici et là, devient de plus en plus plausible.
Le communiqué du gouverneur rappelant non sans opportunisme le code électoral sur la « propagande déguisée » larve mal un objectif clair : empêcher l’opposition de tenir un rassemblement qui peut être déterminant après la réussite de la rencontre du 8 juin à la Place de la Nation. Une manière d’avoir des arguments vraisemblables en opposant aux opposants le « recul » de la coalition Benno Bokk Yaakaar qui, elle aussi, comptait tenir une rencontre. L’interdiction de la manifestation de l’opposition est évidente. Elle mène directement à un « jour de danger », un vendredi de toutes les frayeurs. Le Sénégal est décidément un père affligé.