Adji Sarr : 'j'ai vraiment peur, je ne suis plus sûr de rien'

Adji Sarr sort de sa cachette. L'ex-masseuse qui accuse Ousmane Sonko de viols répétitifs craint que son dossier ne soit rangé aux oubliettes.

Adji Sarr

Dans un entretien d'un page dans L'OBSERVATEUR, l'ex-masseuse révèle qu'elle n'a plus aucune nouvelle sur son dossier depuis que l'affaire a été renvoyée en jugement. Elle souligne qu'elle en a marre de cette situation et qu'elle veut tourner définitivement la page, parce qu'elle a peur et qu'elle veut vivre. Quelques extraits choisis.

"J'ai peur d'avoir une déception"

"Il (Ousmane Sonko) est en train de faire ce qu’il veut. Si la justice n’est pas capable de juger le dossier qui oppose Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, il y a problème. Cela me fait peur, moi en tant que simple citoyenne. Depuis que le juge d’instruction a envoyé notre dossier en jugement (devant la Chambre criminelle de Dakar), je n’ai plus aucune nouvelle. Je suis là comme tous les Sénégalais. J’attends le jour du procès qui n’est même pas encore fixé. J’en ai marre de cette situation. J’ai peur d’avoir une déception, vu le comportement de Ousmane Sonko envers la justice."

"L’Etat refuse de prendre ses responsabilités"

"J’ai la vie dure. Je suis dans un dossier où tout le monde refuse de prendre ses responsabilités. L’Etat refuse de prendre ses responsabilités. Parce que les autorités ne veulent que les gens pensent que c’est un complot contre Ousmane Sonko. Ils m’ont juste donné des éléments (de la Brigade d’intervention polyvalente de la police nationale) pour ma sécurité. Mes souteneurs le disent souvent sur les réseaux sociaux. Mais un jour viendra, je vais sortir toutes mes preuves."

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"Je déménage tout le temps par peur des représailles"

"Je suis dans la galère. Parce que je suis obligée de prendre des appartements. Je vis en cachette. Je déménage tout le temps. Parce que j’ai peur des représailles. J’ai peur que les gens découvrent là où je suis. Je fuis tout le temps. Je me demande quand cela va cesser. La justice doit prendre ses responsabilités pour juger le dossier. Je ne pense pas que cette situation va continuer. J’ai vraiment peur."

"Je me sens seule dans le combat"

"Je suis partie civile, mais j’ai peur parce que je me sens seule dans le combat. Au tribunal, je suis accompagnée de Gabrielle Kane. Il y a aussi Codas (de Françoise Hélène Gaye) et Maty Fall dit «Trois Pommes», mais elles ne peuvent pas subvenir à tous mes besoins. Mon père non plus n’a pas les moyens, même s’il me soutient totalement. Tout le temps, je suis avec des éléments de sécurité. Mais ces gens-là sont des humains. Ils sont braves, mais des choses peuvent échapper à leur vigilance. On a tous constaté que ces derniers jours, les manifestations se multiplient. Je ne dirai pas que je n’ai pas confiance en eux, mais j’ai peur. Ce n’est pas ce que j’attendais."

"J'ai peur que l’Etat négocie avec Sonko"

"Si l’Etat n’est pas capable de gérer un dossier de diffamation dans lequel un ministre de la République est impliqué, ce n’est pas mon dossier qui a causé 14 morts qui sera alors jugé. Mais on ne va pas me sacrifier. Je ne suis plus sûre de rien. Franchement, j’ai peur que l’Etat négocie avec Sonko pour mettre de côté notre dossier. Si le dossier en diffamation n’est pas jugé, je prendrai une décision. Je suis fatiguée. Je suis jeune, j’ai besoin de vivre comme tous les jeunes de mon âge. Je ne peux pas m’enfermer tout le temps entre quatre murs, comme une prisonnière. Je suis là parce que j’avais confiance en notre justice."

"Je veille jusqu’à 5 heures du matin"

"J’ai besoin d’aller en procès pour prouver au Sénégal que je ne suis pas une menteuse. Et, que c’est le gars qui est un vulgaire menteur. Pour que je puisse reprendre ma vie d’avant. Dans ma tête, je me dis que cette situation ne peut pas continuer. Chaque jour que je me lève, je pense à mon avenir. Je ne veux plus m’enfermer. Je suis fatiguée. Je ne peux pas avoir la même routine. Veiller jusqu’à 5 heures du matin, me réveiller, prier, manger après dormir… Je ne peux même pas prendre l’air au balcon. Parce que j’ai peur que les gens me reconnaissent. Je ne peux même pas garder un numéro de téléphone pendant un mois. Parce que j’ai peur qu’on donne mon numéro à des personnes qui vont me localiser comme la dernière fois."

"J'ai été localisée"

Ah oui, on me localise tout le temps. Des personnes m’insultent sur les réseaux sociaux. J’étais à Mbour et une personne est parvenue à me localiser. Elle m’a appelée et quand j’ai décroché, elle m’a injuriée et menacée de mort. Il n’y a même pas un mois, j’ai reçu des menaces. Quelqu’un a donné mon numéro à un inconnu. Il m’a appelée pour me menacer de mort. Une énième menace de me tuer."

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