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Les produits Softcare toujours vendus malgré l'interdiction de commercialisation

Une semaine après l’annonce du retrait des serviettes hygiéniques et couches de la marque Softcare par l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique (ARP), ces produits continuent de s’afficher librement dans de nombreux points de vente à Dakar.
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L’Agence sénégalaise de la Réglementation Pharmaceutique (ARP) a suspendu la commercialisation des couches et serviettes hygiéniques de la marque SOFTCARE. La raison ? Une inspection menée à l’usine de Sindia a révélé l’utilisation de matières premières périmées, exposant potentiellement les bébés, enfants et femmes à des risques sanitaires.

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En effet, les serviettes hygiéniques et couches de la marque, fabriquées à partir de matières premières périmées, devaient être immédiatement retirées de la vente. On pensait alors l’affaire entendue puisqu’elle met en jeu la santé des femmes et enfants. Pourtant près d’une semaine après l’alerte, l’interdiction se heurte à une réalité troublante sur le terrain: personne ne semble savoir précisément qui doit l’appliquer, onstate L'OBS.

Un flou administratif

Dans la boutique de Boubacar, à Liberté 4, les paquets jaunes et bleus trônent en pleine lumière. «Personne n’est venu. Personne ne m’a dit quoi en faire. On nous dit que c’est interdit, mais après, plus rien. Pas de suivi, pas de solution. Les jeter me paraît injustifiable, surtout quand j’ai plusieurs caisses de vingt-quatre paquets au fond de ma boutique. C’est de l’argent perdu», lance le jeune commerçant, interrogé par L'OBS.

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Son cas n’est pas isolé. À quelques kilomètres de là, dans l’agitation permanente du marché Castor, une autre boutique raconte la même histoire. Au milieu du chaos organisé, une petite échoppe attire l’attention par la visibilité assumée des paquets jaunes et bleus. Mamadou Fall, propriétaire des lieux, explique calmement pourquoi il continue à les proposer.

«J’en avais acheté plusieurs cartons au début du mois de décembre. La note est sortie juste après. Je ne sais pas si mes produits font partie du lot concerné par l’interdiction. Si je ne les vends pas, je risque une perte sèche, d’autant plus que serviettes comme couches continuent de partir». Du marché Castor à la Médina, le scénario se répète à l’envi: les produits sont en rayon, les ventes continuent, malgré la connaissance de l’interdiction. La raison de cette inertie ? Un incroyable imbroglio institutionnel qui a vidé la décision de l’ARP de toute sa force exécutoire.

"Les saisies sont en cours à l’échelle nationale"

Contactée, l’Arp s’est défendue de toute inaction. Le Dr Moussa Diallo, directeur de l’Inspection, affirme que des «saisies sont en cours à l’échelle nationale». Mais il apporte une précision capitale, qui agit comme une clé pour comprendre le blocage: «Le retrait dans les boutiques et les points de vente relève du service d’hygiène, en collaboration avec la Direction du commerce intérieur. À notre niveau, nous suivons.»

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En clair, l’Agence émet l’ordre mais en désigne d’autres pour l’exécuter. Or, du côté de ces structures, la situation semble confuse. Au niveau de la Direction du commerce intérieur, la note de retrait ne semble pas avoir été officiellement partagée. «C’est une note du ministère de la Santé et de l’ARP. Nous n’avons pas eu le partage officiel de cette note. Pour l’instant, en tant que structure régionale, je n’ai reçu aucune instruction de ma hiérarchie me demandant de procéder au retrait de ces produits sur le marché sénégalais», indique Ahmadou Tidiane Niane, chef du service régional de Dakar.

Le capitaine Idrissa Ndiaye, chef de la Brigade régionale de l’hygiène, confirme l’absence de notification officielle. Joint dans la soirée, il botte dans un premier temps en touche: «Nous n’avons pas reçu de note du ministère. D’ailleurs, dans la circulaire de l’ARP, il n’y a pas d’ampliation concernant le Service national de l’hygiène». Conclusion, la mesure de retrait semble être tombée dans un angle mort administratif.

Lautosaisie en guise de plan B

Face à ce vide, le Service d’hygiène a décidé de s’autosaisir, une information donnée dans un second temps par le capitaine Ndiaye. "À partir de cette semaine, nous avons mobilisé l’ensemble du personnel du Service d’hygiène de Dakar pour mener des séances de sensibilisation auprès des commerçants, en leur demandant de retirer au moins ces produits des rayons", explique-t-il en continuant.

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"Une fois ces séances de sensibilisation terminées, nous procéderons, dès la semaine prochaine, à la saisie des produits concernés. Nous privilégions d’abord la sensibilisation avant de passer à des mesures plus coercitives", conclut-il. Quoique réactive, la démarche laisse encore du temps aux commerçants pour continuer à écouler les produits Softcare prohibés.

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