Au Sénégal, un demi-million (6,0%) des adultes utilise actuellement les produits du tabac avec 11,0% d’hommes et 1,2% de femmes. Le tabac à fumer est la principale forme d'utilisation du tabac avec 5,4% (0,4 million) des adultes étant des fumeurs actuels du tabac. Les hommes sont plus nombreux que les femmes (10,7% contre 0,4%) parmi les fumeurs actuels de tabac.
En vérité, le tabagisme touche autant les femmes adultes que les jeunes filles sénégalaises. Longtemps confiné dans les cercles de la haute bourgeoisie, il a fini de gagner beaucoup de milieux où les femmes sont de plus en présentes, notamment la presse et l’école. Certes, les raisons poussant à s’adonner au tabac sont diverses, mais la réalité est là, toute crue : beaucoup de sénégalaises fument.
)
La chicha se féminise
Depuis plusieurs années, il est apparu un nouveau type de cigarette qui est très utilisé par les jeunes. La chicha. Selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 100 millions de jeunes entre 15 et 20 ans consomment régulièrement la chicha que l'on appelle aussi narguilé, ce mélange de tabac et d’arômes réputé dangereux pour la santé. Bien qu’il n’existe pas encore de statistiques sur la consommation et les dégâts au Sénégal, selon une enquête menée par la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (LISTAB), la tendance s’est inversée chez les femmes.
)
Et selon toujours la LISTAB, les filles sont plus addicts à la chicha. Dans les bars, 90% d’entres elles s’adonnent à cette pratique très nocive pour la santé, a indiqué le secrétaire exécutif de la LISTAB, Djibril Wélé, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac célébrée chaque 31 mai. « La deuxième enquête vient montrer qu’aujourd’hui les filles ont renversé la tendance avec la chicha puisque 90 % d’entre elles s’adonnent au vapotage, c’est-à-dire à l’utilisation des cigarettes électriques », a-t-il déclaré sur Enquête.
400 bars à chicha enregistrés à Dakar
Une occasion pour les membres de la LISTAB de faire un état des lieux de la mise en œuvre de la loi anti-tabac, en présence de son président, Moustapha Gaye, et de plusieurs adolescents. « Avant, pour les voir fumer, il fallait aller dans des établissements privés de la place. Cela semble devenir une mode. Notre dernière étude a montré que les enfants commençaient à fumer à l’âge de 7 ans », a soutenu Wélé. D’après lui, cela est dû au fait que la cigarette est devenue accessible pour les enfants de la rue et les talibés. Il estime que plus de 400 bars à chicha sont enregistrés à Dakar. Ce qui pousse les jeunes âgés entre 10 et 18 ans à s’adonner au vapotage.
La consommation de tabac en baisse
)
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié le 16 janvier 2024, la consommation de tabac est en baisse constante dans le monde depuis le début des années 2000. Si cette réduction observée à l’échelle internationale devrait continuer d’ici 2030, l’OMS appelle les pouvoirs publics à accélérer la mise en place de politiques de lutte contre le tabagisme, et notamment à renforcer la lutte contre l’influence de l’industrie du tabac, qui, malgré ses déclarations d’engagement en faveur d’un « monde sans fumée », s’oppose vigoureusement aux politiques de santé publique.
Le rapport de l’OMS examine l’évolution des prévalences tabagiques depuis au moins une trentaine d’années, dans plus de 180 pays, et rassemblant plus de 97% de la population mondiale. Si les résultats montrent une diminution générale de la prévalence tabagique, de fortes disparités existent, notamment selon le genre ou la région.
Un recul de la prévalence tabagique de plus de dix points en vingt ans
)
En 2000, près d’un tiers de la population mondiale âgée de 15 ans était constitué de fumeurs quotidiens ou occasionnels (32,7%). En vingt ans, cette proportion a baissé de plus de dix points pour atteindre 21,7% en 2020. Les projections de l’OMS considèrent que la prévalence tabagique mondiale devrait atteindre 18,1% à l’horizon 2030. Ces chiffres sont toutefois très différents entre les hommes et les femmes. En effet, le tabagisme mondial chez les hommes, malgré une forte diminution, demeure à des niveaux particulièrement hauts. Ainsi, en 2000, 49,1% de la population masculine était fumeuse, contre 35,5% en 2020. L’OMS estime qu’elle devrait atteindre 30,6% d’ici 2030.
Chez les femmes, en plus d’être à des niveaux nettement inférieurs, la prévalence tabagique diminue à un rythme plus rapide. Ainsi, 16,3% de la population féminine était fumeuse en 2000 contre seulement 7,9% en 2020, et 5,7% d’ici 2030, selon les prévisions de l’OMS.