Les arguments de Mansour Faye
Après presque quatre mois de détention, Mansour Faye a finalement été entendu hier par la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. Placé sous mandat de dépôt le 26 mai dernier, l’ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale a été interrogé au fond du dossier. C’est aux environs de 12h30mn que le maire de Saint-Louis est apparu, ses avocats à ses côtés. Face à de lourdes accusations d’association de malfaiteurs, de concussion, de corruption, de prise illégale d’intérêts, de faux et usage de faux en écritures privées de commerce ou de banque, de détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux et complicité sur une commande de riz surfacturée à hauteur de 2,749 milliards FCfa dans le cadre de la gestion des fonds Covid-19, Mansour Faye, a livré ses arguments.
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Le cours magistral donné au magistrats
Mieux, selon l’un de ses avocats Me El Hadji Diouf repris par L'OBS, son client aurait donné un cours magistral aux magistrats, aux enquêteurs et aux députés qui n'avaient pas connaissance des textes en vigueur régissant la fixation des prix des denrées de première nécessité. «Mansour Faye a convoqué un décret et une loi que les magistrats et les députés, peut-être, ne maîtrisaient pas», dit-il. Face à la commission d’instruction, Mansour Faye a démonté le fondement même de l’accusation. Par rapport à l’arrêté de 2013 qui est mise sur la table pour expliquer son emprisonnement, Mansour Faye a montré que c'était non seulement caduc, mais qu’il n’était valable que pour deux mois, renouvelable qu'une seule fois et qu'il y avait une loi qui disait qu'on ne pouvait pas reconduire les mêmes prix fixés une année après. Cet arrêté de 2013, fixait le prix de la tonne de riz à 250 000 FCfa.
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Or, selon lui, en 2020 (en plein contexte de la pandémie) le prix était de 275 000 FCFA la tonne. «Chaque année, il y a une obligation au gouvernement de réajuster les prix en fonction du marché», rajoute Me Diouf. Pour le conseil de Mansour Faye, si les députés avaient connaissance de l'existence de ces textes, ils n'auraient pas voté la mise en accusation fondée uniquement sur l’arrêté de 2013 qui avait fixé les prix à 250 000 au lieu de 275 000 FCfa. «Mansour Faye a fait savoir au juge qu'il ne pouvait pas se fonder sur un arrêté caduc qui ne pouvait pas dépasser quatre mois. Qu'en 2020, sept ans après, à l'arrivée de la Covid-19, qu'on ne devait pas s'inspirer de cet arrêté caduc, nul, effacé, rejeté, enterré, qui n'avait plus de vocation à s'appliquer. Donc, c'est en violation de la loi que les députés ont mis en accusation Mansour Faye et il a sorti les textes pour montrer jusqu'où peut aller l'indigence intellectuelle et juridique».