Longtemps, le Sénégal a peiné à convaincre ses talents issus de la diaspora. Manque d’infrastructures, instabilité des staffs, désorganisation fédérale… le projet national manquait de crédibilité aux yeux des jeunes formés en Europe. La génération dorée de 2002 avait pourtant marqué l’histoire en atteignant les quarts de finale du Mondial et la finale de la CAN. Mais cette réussite n’a pas trouvé de continuité. Entre 2007 et 2013, les désillusions s’enchaînent : éliminations précoces, crises internes, instabilité chronique. Dans ce contexte, beaucoup de binationaux préfèrent alors se tourner vers la France ou d’autres sélections européennes. Patrice Evra, Bafétimbi Gomis ou Bacary Sagna avoueront plus tard avoir regretté de ne pas avoir porté les couleurs du pays de leurs origines.
Aliou Cissé, le tournant décisif
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Le déclic à ce niveau pour la sélection se nomme Aliou Cissé. Son arrivée en 2015 en tant que sélectionneur a tout changé. Ancien capitaine emblématique des Lions de la Teranga, Aliou Cissé a apporté rigueur, exigence et une vision à long terme. Sous sa houlette, le Sénégal s’est reconstruit pierre après pierre : cadre stable, discipline retrouvée, projet fédérateur. Le technicien parvient à mélanger les talents locaux et les binationaux séduits par la nouvelle dynamique. Dès 2017, les progrès se font sentir : quarts de finale de la CAN, qualification pour le Mondial 2018. Deux ans plus tard, les Lions échouent de peu face à l’Algérie (0-1) avant de décrocher la première CAN de leur histoire en 2022 au Cameroun. En quelques années, Aliou Cissé a transformé une équipe instable en puissance africaine respectée, capable de rivaliser avec les meilleures nations du continent.
Dans la continuité de ses succès, le Sénégal a aussi progressé dans sa gestion des binationaux. Le mot d’ordre : créer un lien durable de confiance avec les jeunes de la diaspora. Malgré ses résultats, le pays a vu filer plusieurs talents récemment : Boubacar Kamara, Amadou Onana, Sofiane Diop… Ce qui a poussé la Fédération à repenser son approche. Les méthodes parfois jugées rigides d’Aliou Cissé ont laissé place à une attitude plus ouverte depuis l’arrivée de Pape Thiaw, réputé proche des jeunes et à l’écoute. « Ce qui a déjà changé, c’est que le Sénégal est désormais une sélection prête sur tous les plans. L’approche d’Aliou Cissé et celle de Pape Thiaw sont plus ou moins différentes. Aliou faisait preuve d’une certaine rigidité, liée à sa personnalité, mais aussi au fait qu’il exigeait du joueur qu’il affiche publiquement sa volonté de rejoindre la sélection.
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Cela s’explique peut-être par les nombreux refus qu’il a essuyés, ainsi que par sa tendance, au fil du temps, à privilégier l’entourage dans les discussions plutôt que le joueur lui-même, auquel appartient la décision finale. Pape Thiaw, lui, est beaucoup plus accessible. Il n’hésite pas à se déplacer pour rencontrer le joueur ou sa famille, où qu’ils soient. La preuve : il s’est rendu en Italie pour voir Assane Diao et Malick Thiaw, en Belgique pour Ilay Camara, sans oublier ses nombreux allers-retours en France. Un dossier illustre parfaitement cette différence d’approche : celui de Sofiane Diop, par exemple. Le Sénégal était pourtant en pole position, mais au moment du choix, le joueur de l’OGC Nice n’a senti que la main tendue de Walid Regragui », a confié Papa Ousmane Kassé, journaliste chez Match360 et spécialiste du football sénégalais.
Une nouvelle stratégie : séduire par l’humain et la force du vestiaire
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Résultat : dès ses premiers mois, le nouveau sélectionneur a convaincu six nouveaux joueurs. Une réussite due aussi à un facteur clé : le rôle du vestiaire. Plusieurs internationaux sénégalais agissent désormais comme de véritables ambassadeurs. Moussa Niakhaté et Habib Diarra, ancien capitaine de Strasbourg, ont trouvé les mots justes pour convaincre le jeune Strasbourgeois Mamadou Sarr de rejoindre la sélection. Selon nos informations, Amara Diouf a, lui, convaincu Ibrahim Mbaye lors d’un stage Adidas : les deux avaient plaisanté sur l’idée de « jouer ensemble plus tard sous le même maillot ». Même si le joueur rêvait uniquement du Sénégal (malgré la possibilité de jouer pour le Maroc, pays de sa mère), son choix rapide en faveur du pays a impressionné le vestiaire.
Autre dossier marquant : celui d’Assane Diao, jeune ailier de Côme, courtisé par l’Espagne. Souleymane Faye, ancien coéquipier au Betis, et Keita Baldé, figure respectée en Espagne, se sont personnellement investis pour le convaincre. Aujourd’hui, cette solidarité et cette force de persuasion interne font du Sénégal une sélection à part : un groupe où les joueurs deviennent les premiers recruteurs des futurs Lions de la Teranga.
Et maintenant ? Le Sénégal voit plus grand
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Si certains se sont éloignés, d’autres rêves persistent. Le Sénégal surveille notamment de près le dossier Robinio Vaz, phénomène de l’OM au profil explosif, dont l’entourage ne ferme pas la porte au Sénégal. « Une piste bien plus que possible », confie une source proche de la sélection. Dans cette optique d’amélioration continue, le Sénégal ne veut plus se contenter de vouloir régner sur l’Afrique. L’objectif est clair : confirmer son statut sur le continent, puis briller à l’échelle mondiale. L’idée de « marcher sur les traces du Maroc », voire de faire mieux lors de la prochaine Coupe du monde, revient souvent dans les discussions internes. Le premier grand test arrive vite : le 15 novembre face au Brésil, un duel qui servira de baromètre avant les grandes échéances à venir (la CAN au Maroc et le Mondial 2026). Une manière pour les Lions de rappeler qu’ils ne veulent plus seulement séduire les binationaux… mais bien devenir une référence mondiale.
Source : Footmercato


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