« Au Sénégal de Macky Sall, dire non = prison ! », voilà les hostilités lancées par les militants du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef). Samedi, ils ont tenu une manifestation à Paris pour charger le président du Sénégal et chef de l’APR (Alliance Pour la République).
Ils se sont érigés en bouclier contre les présumées velléités du chef de l’état à briguer un troisième mandat.
Les protestataires ont scandé des slogans tels que « Macky Sall le dictateur ! ». Ils ont rappelé les noms de membres du Pastef actuellement emprisonnés au Sénégal. Selon les chiffres avancés par le parti, au moins 102 militants sont détenus pour délits d'opinion.
« Des hommes politiques sont mis en prison à chaque fois qu'ils parlent. Ousmane Sonko, en tout cas, il y a une vraie cabale contre lui. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse en tout cas, on lui met des bâtons dans les roues, on sait très bien où ils veulent en venir. Ils veulent l'empêcher de se présenter en 2024, et ça, les Sénégalais ne l'accepteront pas ! », s'indigne Moulaye Aidara, enseignante et cadre du Pastef, à l’AF News .
« Parce que le Sénégal comme peut-être, tout le monde le sait, c'est un pays qui n'a pas pris la même trajectoire que d'autres pays en Afrique. C'est un pays qui a montré à la face du monde que c'est un pays démocratique, qui a choisi la démocratie comme concept où il y a eu deux alternances politiques », poursuit-elle.
Sur un ton nationaliste, Mme Aidara estime que le Sénégal doit se construire en se démarquant des intérêts français.
« Peut-être qu'aujourd'hui, on n'a plus envie de parler de néo-colonialisme, de France-Afrique, on en a marre, les Français en ont marre, les Africains en ont marre. Aujourd'hui, on a envie de pays démocratiques qui prennent en charge leurs destins et le destin de leur jeunesse pour que les jeunes ne soient plus obligés aujourd'hui de prendre le bateau pour venir en Europe, en France », se désole-t-elle.
Cette manifestation intervient dans un contexte de tensions politico-judiciaire au Sénégal. En effet, le 21 février, la justice sénégalaise a décidé de maintenir le renvoi du chef de l’opposition, Ousmane Sonko, devant un tribunal pour « viols et menaces de mort » présumés contre la masseuse, Adji Sarr.
En sus, le maire de Ziguinchor est accusé de diffamation, injures et faux dans une autre affaire l’opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Le procès est prévu jeudi prochain. Il pourrait être déterminant pour la candidature de Ousmane Sonko en 2024. Ce dernier risque d’être frappé d’inéligibilité.