Regard froid sur la société sénégalaise [Opinion]

Je prends à témoin la population virtuelle que mes écrits n’ont pas pour intention de cibler qui que ce soit. Au contraire, ils visent des choses, qui sont hélas incarnées par les gens d’une certaine élite. J’estime que nous avons la chance d’être né dans un Sénégal de paix et de démocratie. Si la stabilité est absente, la paix est menacée. C’est un fait. Sans paix dans toute sa dimension, la démocratie est menacée elle aussi. À y voir plus clair, dans ce pays la stabilité « des esprits » est quelque peu remise en cause. Cela dépend aussi du bord duquel on se trouve. Du comment nous la ressentons. Oppresseur ? Opprimé ? Spectateur ? Chacun tient ce rôle au quotidien pour des raisons particulières. Chacun tient aussi à s’échapper dans ce cercle si vicieux, avec ses tentations.

Senegal emeutes mars-2021 manifestations (3)

Je suis né des années technologiques après les indépendances. Donc très loin de celles aux sonorités polyphoniques que nous trouvons dans les archives orales. Bref, un conflit de générations en perspective en entamant la rédaction de cette modeste contribution.

J’ai vécu jusqu’à ce jour où je tape ma main sur l’écran de mon smartphone dans un pays qui se targue d'être une référence démocratique que j’ai quelque part connu et vécu. Hélas, ce côté positif dans ce rêve radieux s’obscurcit de jour en jour…

J’essaie de bloquer mon inspiration qui s’en va vers des pensées morbides en ce vendredi 28 septembre 2018 à Dakar, date de début de la rédaction de cette réflexion. Mais je n’y arrive pas. Il me faut écrire ce que mon esprit me murmure. Peu importe qui sera d’avis ou pas, je me fie à ma conscience.

On a beau être jeune mais ne pas manquer d’opinions, d’idées voire d’ambitions. Sauf si la liberté de l’exprimer nous est offerte. Bien qu’elle soit un droit. Ce n’est que sur ce plateau virtuel que je peux me laisser aller comme on le dit.

Pourquoi les personnes si je peux bien les nommer ainsi, puisqu’ils sont nos semblables sont prêts à TOUT pour disposer de notre consentement et nous tourner le dos une fois leurs attentes de notre part satisfaites ? Plusieurs idées m’interpellent. Mais celui qui retiendra le plus mon attention est le comportement. Chose qui déteint sur l’état d’esprit qui doit conditionner la normalité des choses. La normalité de l’humain qui nous différencie des animaux dits « sauvages ». Cet esprit est mis de côté quand il s’agit de raisonner pour notre intérêt. Normal quelque part, nous avons tous une part d’égoïsme qui sommeille en nous. Nous devons l'assumer pleinement. “Je veux diriger” veut donc dire normalement, je veux un mouvement d’ensemble, sans exclusion aucune, nonobstant du fait de quelque rapport de dualité que ce soit… d’opinions ou d’idées encore. Oui tout le monde est impliqué. Il y va de nos vies à tous. Pas de personnel dans cette dynamique. On pense, on raisonne et on agit collectif. On aura certes tous les pouvoirs mais pas celui de provoquer, de piétiner ou même bafouer la liberté ainsi que la dignité humaine. Force est de constater que sous nos cieux, ces deux notions essentielles se perdent peu à peu et à une vitesse exponentielle leurs valeurs essentielles. Diriger c’est supporter. Supporter les humeurs des uns et des autres, les opinions et les idées des uns et des autres aussi. Pour ou contre le dirigeant doit avoir un esprit de dépassement. C’est à dire en somme prendre de la hauteur. Dégager de la classe et de l’élégance avec ou sans la parole jusque dans les actes. Oui, c’est accepter aussi bien la contradiction tout comme on est clairement favorable à la conciliation. Céder le droit d’opposition tout comme on est ouvert aux alliances stratégiques parfois par défaut qui sont moralement incompréhensibles parfois. Pointer le mal, signaler les abus et dérives, critiquer les décisions quand on n’est pas au centre de décisions. Par contre, abuser de son pouvoir, être allergique à la critique quand on y arrive est l’attitude la plus normale de nos jours venant de cette élite. Le changement de comportement. Oui c’est ce trait négatif, néfaste et nauséabond qui s’érige comme étant une référence comportementale. Pourtant cette élite n’est certes pas majoritaire en termes de nombre mais a quand même le pouvoir de cristalliser toutes les attentions et d’imposer un tempo à notre quotidien.

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Pourquoi attendre que la tumeur gangrène totalement le corps et l’affaiblisse pour qu’on commence à penser trouver un remède ? L’anticipation… j’oublie. Elle n’est pas une qualité première chez nous sénégalais à y voir clair. Regardez bien à titre d’exemple, chaque année on prédit des remous durant l’année scolaire mais n’empêche aucune mesure préventive pour éviter pareil désastre malheureusement. Je continue mon raisonnement si vous permettez toujours.

Nous devons disposer de cet état d’esprit autonome qui nous manque pour incarner la meilleure personnalité que nous voulons incarner mais aussi voir. Autonomie par rapport à nos responsabilités et prises de décisions. Il n’y a qu’au Sénégal un homme d’une quarantaine d’années étant au chômage mais quand même marié et père d’enfants vit encore et toujours au crochet de ses parents qui sont plus proches de la mort et très loin d’une vie active. Osons reconnaître ce vilain défaut. Oui. Il est bien là.

Par rapport à nos choix et nos orientations, il nous faut nous libérer d’un joug dictatorial élitiste de conscience et même de mode de vie. Pire, nous sommes leurs férus serviteurs car, trop intéressés et orientés sur des faits d’une moindre importance et à faible impact sur nos vies que seuls eux provoquent et à dessein.

Nous avons par le passé, laissé certains détails et cautionné certains comportements pour épouser certaines attitudes qui ont engendré une mentalité néfaste aujourd’hui. Et les conséquences sont alarmantes pour certains et désastreuses pour d’autres. On constate qu’elle constitue un obstacle de taille sur notre longue marche d’affranchissement à tout point de vue. On peut se considérer comme des victimes. Oui nous le sommes effectivement. Des victimes qui sont complices de leur sort. Quel paradoxe! Nous avons accepté de courber l’échine face à certains abus, de fermer les yeux sur certaines attitudes. Ceci a eu pour conséquence de laisser de côté « certaines valeurs » qui sont nôtres et qui nous sont mêmes inconnues. Osons le reconnaître et l’accepter. Nous prétendons disposer d’une richesse inestimable en termes de valeurs avec une tradition mais nous ne l’utilisons pas et n’en profitons pas. Nous n’y apprenons pas, nous n’en tirons rien. De ma jeune vie, jamais à ma connaissance, nous n'avons eu à convoquer nos valeurs, nos us et coutumes pour apporter une solution à un problème socialement sénégalais. Alors que nous conjuguons notre avenir à l’émergence. Parfois il suffit de voir les choses autrement pour les faire changer. Alors osons le progrès, qui me semble le plus réaliste.

Peut-être bien que je reviendrai sous peu…

El Hadji Demba Diop, citoyen sénégalais.

Hlm Grand Yoff

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