Me Clédor Ly dénonce un « mensonge d’État » dans l’affaire Ousmane Sonko/Mame Mbaye Niang
Les avocats d’Ousmane Sonko ont tenu, ce lundi, un point de presse centré sur le recours en révision introduit dans le dossier judiciaire de leur client. À cette occasion, Me Clédor Ly s’est livré à une intervention d’une rare virulence, dénonçant ce qu’il considère comme l’une des plus graves dérives de l’histoire judiciaire et politique récente du Sénégal. Pour l’avocat, cette procédure dépasse largement le cadre strictement juridique. « Ce recours en révision est porteur d’une bonne nouvelle et d’une grande espérance pour le peuple sénégalais, pour la diaspora, pour l’Afrique et pour tous ceux qui ont tremblé pour ce pays », a-t-il déclaré.
Selon lui, le Sénégal a frôlé un basculement durable vers une forme de tyrannie, sous l’influence de forces qu’il qualifie de « compradore supports de l’impérialisme occidental », face auxquelles Ousmane Sonko incarnait une rupture politique majeure. Me Clédor Ly décrit un homme politique systématiquement ciblé pour sa vision souverainiste. « Ousmane Sonko a été violenté, martyrisé, embastillé, en violation flagrante de ses droits fondamentaux. Son seul tort a été de porter une vision audacieuse pour l’Afrique », a-t-il soutenu. À ses yeux, l’ancien opposant représentait une menace directe pour des intérêts politiques, économiques et diplomatiques profondément enracinés. L’avocat ne mâche pas ses mots : « Nous sommes face à l’une des plus grandes conspirations de l’histoire politique du Sénégal, visant à confisquer la démocratie, les libertés et à vassaliser des juges ». Le procès ayant conduit à la condamnation de Sonko est ainsi présenté comme un instrument politique destiné à l’écarter durablement du jeu démocratique. Sur la question de l’éligibilité, Me Ly se veut catégorique « Ousmane Sonko est électeur et éligible aujourd’hui. Tant qu’il aura un souffle de vie, ce débat est sans intérêt ».
Il précise que la procédure de révision n’a pas pour objectif de restaurer une éligibilité, mais bien de rétablir la vérité face à une condamnation qu’il juge injuste. L’avocat a également dressé un inventaire sévère des irrégularités ayant entaché la procédure : comparutions forcées, dispositif sécuritaire à caractère militaire, violations répétées des droits de la défense, appels abusifs du parquet et programmation du dossier avant l’épuisement des délais légaux. « Le droit a été bafoué. Le procès a été conduit au mépris du droit à un procès équitable », a-t-il insisté. Me Clédor Ly n’a pas épargné les institutions, pointant notamment le refus de la Cour suprême d’examiner le recours en inconstitutionnalité, qualifié de « tache indélébile », et la décision du Conseil constitutionnel d’invalider une candidature sur la base d’une décision non définitive. « Une commande politique a été exécutée froidement », a-t-il affirmé.
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Selon lui, les accusations portées contre Sonko reposaient sur « un mensonge d’État organisé », entretenu jusque dans les rouages judiciaires. Il désigne Mame Mbaye Niang comme « la tête de Turc d’un système utilisé à des fins politiques », l’accusant d’avoir persisté dans le mensonge avant de quitter le pays. Enfin, Me Ly rappelle la portée juridique majeure du recours en révision : « L’amnistie efface la peine, mais pas la condamnation. La révision, elle, annule la condamnation pénale et civile ». Elle ouvre ainsi la voie à une réhabilitation complète et à la réparation des préjudices subis. Pour l’avocat, le procès à venir sera historique. « Il ne s’agit pas d’une simple erreur judiciaire, mais d’une conspiration politico-judiciaire », a-t-il conclu, avant de lancer , « l’immortalité réside dans la vérité, l’éphémère est le dessein du mensonge ».