Lendemain d'émeutes : Dakar a repris ses activités économiques

Le retour à la normale s'effectue timidement à Dakar, depuis hier lundi 5 juin, après les violentes manifestations suite à la condamnation de Ousmane Sonko.

Circulation à Dakar ce mardi 6 juin

Dakar reprend vie, après trois jours d’enfer. La capitale affiche une face hideuse après les violentes manifestations de jeudi et vendredi. De l’Avenue Cheikh Anta Diop à Rufisque, les grandes artères portent encore les stigmates des violents affrontements qui ont fait officiellement 16 morts.

Mais depuis hier lundi, la circulation et l’activité économique ont repris très timidement à Dakar. Après trois jours de ville morte, quelques rares bus et taxis roulaient, mais manquaient encore de clients. Les bus Tata ont tardé à se déployer dans la capitale. Les bus Dakar Dem Dikk, eux, ne roulent toujours pas.

Beaucoup des travailleurs de l'économie informelle, qui fait vivre la grande majorité des Sénégalais au quotidien, ont repris leur besogne à Dakar, calculant leurs pertes après les troubles de la semaine passée.

Magaye Gaye, 19 ans, vendeur de produits de toilette sur le marché Sandaga, dans le centre de la capitale, a fermé son étal mercredi, veille du verdict contre l'opposant Ousmane Sonko qui a mis le feu aux poudres. "J'ai dépensé toutes mes économies depuis pour vivre", a-t-il confié. Dimanche, il a vu que les choses s'étaient un peu calmées et (a) décidé de reprendre le travail mais n'est toujours pas rassuré.

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La condamnation de M. Sonko à deux ans de prison dans une affaire de mœurs a déclenché les heurts les plus violents qu'ait connus le pays depuis des années. Ce verdict rend en l'état actuel l'opposant, populaire chez les moins de vingt ans et dans les milieux modestes, inéligible à la présidentielle de 2024.

De jeunes hommes ont affronté les forces de sécurité, saccagé des équipements publics et incendié des commerces et des stations essence. Ces troubles ont causé des dégâts considérables, qui n'ont pas été évalués, et paralysé les activités jusqu'au week-end.

Le commissaire Ibrahima Diop, directeur de la sécurité publique, a assuré dimanche que la situation est revenue au calme. Les rues de la capitale se sont à nouveau progressivement remplies.

Le train reliant Dakar et la ville nouvelle de Diamniadio a repris du service. Mais nombre d'agences bancaires sont restées fermées. Une immense queue s'est étirée dès les premières heures devant le siège d'une grande banque. C'est le début du mois, le moment où l'on vient encaisser son salaire. Une grande partie des paiements s'effectue en liquide.

D'autres peuvent en temps normal se faire via des plateformes mobiles, mais le gouvernement a suspendu dimanche l'internet mobile après avoir bloqué l'accès aux réseaux sociaux comme WhatsApp, Facebook ou Twitter.

"Les banques sont fermées depuis mercredi. On ne peut pas toucher son salaire ou sa retraite. Les journaliers ne sont pas payés. Les gens n'arrivent pas à se faire soigner, faute de liquide", s'indigne dans la file Ady Thiam, contrôleur de recettes de 45 ans. "Avec le peu que les gens ont, c'est ça qui amène la révolte", dit-il.

Le directeur de la sécurité publique a fait état de 500 arrestations. Après le ministre de l'Intérieur, il a décrit les troubles comme des actes de subversion commis par des éléments en partie étrangers et visant à instaurer un climat de terreur.

Le parti de M. Sonko dénonce, lui, une répression meurtrière et parle de 19 morts. Mansour Sambé, économiste consultant, note que les dommages subis sont déjà considérables, avec des milliards de francs CFA perdus en deux jours.

Le plus grand danger pour les investisseurs, ce sont les risques politiques. On a prévu une croissance de 9 à 10% (en 2023), on est à mi-chemin. Mais avec les incertitudes d'ici à la Présidentielle de 2024, c'est tout le second semestre qui risque d'être perdu.

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