Gestion du Covid-19 au Sénégal: Une pandémie à 1000 milliards [Rapport]

Après un premier rapport accablant, l’ONG LEGS-Africa vient d'en remettre une couche sur la gestion du Covid au Sénégal.

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Le « think tank » panafricain LEGS Africa a produit son rapport final de l'étude des perceptions et de la gouvernance sociale de la riposte à la pandémie de Covid-19 au Sénégal. Voici ce qu’on peut en retenir !

L’Etat du Sénégal, pour arrêter la propagation du virus, a mis en place un fonds d’une valeur de 1000 milliards de FCFA. L’étude de LEGS Africa analyse les perceptions, représentations et attitudes par rapport à la gouvernance sociale de la pandémie à Covid-19 dans les districts de Dakar Centre, Guédiawaye et Touba. L’enquête a été menée sur un échantillon de 1200 membres des communautés. Elle a été complétée par des entretiens qualitatifs ciblant diverses catégories d’acteurs, de bénéficiaires et de populations vulnérables concernées par l’étude.

CORONA : MALADIE OU POLITIQUE ?

Le coronavirus est-il une maladie ou une affaire politique? Les perceptions des populations sur l’existence du virus Covid-19 mettent en exergue des disparités entre les jeunes, les adultes et les personnes âgées et des différences selon les districts. Les données de l’étude montrent que plus de la moitié des jeunes interrogés dans les trois districts pensent que la Corona est surtout une affaire politique, contrairement aux adultes et aux personnes âgées, dont plus de la moitié affirment le contraire.

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Il y a une association significative entre l’âge et la croyance selon laquelle la maladie est une affaire politique. Dans le district de Touba, seulement 10 % chez les jeunes, 27% chez les adultes et 8,6% chez les personnes âgées affirment que l’épidémie n’est pas une affaire politique. Au niveau du district de Guédiawaye, les données montrent que beaucoup de gens (53,1%), dont 15,5% des jeunes, 39,9% chez les adultes et 3,7% chez les personnes âgées, pensent que Corona n’existe pas. Toutefois, quelques données issues des discussions montrent que les communautés associent la gestion de l’épidémie, notamment la prise en charge sanitaire, à une affaire politique.

Dans le cadre de la riposte contre la pandémie à Covid-19, les personnes ayant témoigné avoir bénéficié d’un soutien dans le cadre de la riposte sont majoritaires dans les districts de Guédiawaye et Dakar Centre, soit respectivement 69% et 52%. Un taux plus faible a été enregistré dans le district de Touba, soit 42%, donc moins de la moitié des personnes enquêtées. En outre, les cibles se plaignent de la mauvaise coordination dans la distribution des aides de l’Etat.

LE VACCIN, UNE APPROBATION DANS LE DOUTE

Les informations qui ont été collectées au niveau communautaire laissent déduire une appréciation positive du vaccin, car les populations pensent qu’il réduirait la propagation du virus et les décès y afférents et éviterait la paralysie des espaces de socialité et de travail. Les propos sont généralement tenus en ces termes : « avec le vaccin, nous, personnes du troisième âge, nous nous sentons enfin protégées de la Covid-19 » (Personne âgée, DS Dakar Centre). L’implication d’experts et d’autorités sanitaires connues grâce à leur détermination et impartialité est très incisive dans la communication en faveur du vaccin. Ils sont cités comme modèles de référence pour convaincre et encourager la prise de vaccin.

L’analyse révèle toutefois des réticences catégoriques au sein des communautés face au vaccin. En effet, ils assument leur position d’anti vaccin qu’ils justifient par les complications liées à la prise du vaccin. D’autres développent des idées sur le bien-fondé de l’efficacité des doses du type de vaccin qui a été mis à disposition au Sénégal.

S’y greffe une certaine méfiance à l’égard des élites politiques nationales que certains individus considèrent comme de véritables manipulateurs, leurs actions à l’endroit des populations étant souvent perçues comme attitude trompeuse. Cette idée commune est appréhendée comme un sérieux motif de réticence vis-à-vis du vaccin.

UNE GESTION POLITISEE DES FONDS COVID-19

Les populations ont relevé des problèmes de transparence et des inégalités dans la gestion des fonds Covid-19. Le soutien et la protection sociale aux familles vulnérables sont ainsi jugés limités. L’analyse qualitative révèle une insatisfaction chez beaucoup de personnes pour des raisons d’appartenance politique.

La redevabilité constitue une demande sociale dès lors que les populations dénoncent des problèmes d’équité dans la distribution des fonds Covid-19 et laissent transparaître des frustrations sociales. « Il ne voulait pas que je sache ce qu’ils font. J’ai constaté que mon délégué de quartier n’a donné les vivres qu’à ses proches et parents. Donc je n’ai pas pu continuer la distribution et je recommande à l’Etat un audit profond pour éclairer la population sur comment ils ont utilisé l’argent du contribuable », suggère un informateur.

Ainsi, les actions associées à la redevabilité sont accompagnées de dynamiques d’exclusion sociale de certaines couches qui posent un problème d’équité et de transparence, avec le faible niveau d’implication des communautés dans ce processus.

UN COUVRE-FEU INEFFICACE

Moins du tiers de la population enquêtée au niveau des trois districts pense que le couvre-feu est efficace et plus des deux tiers soutiennent le contraire. Cette dernière tendance remet en question la pertinence de cette mesure, compte tenu de leurs conditions de vie. Cette situation provoque un sentiment de frustration chez les populations dont les activités sont restreintes.

Ainsi, faisant allusion au couvre-feu, un enquêté affirme : « Nous préférons mourir du virus que de ne pas donner à manger à nos familles. Quitte à subir des sanctions ou à commettre une infraction. Je ne concède aucunement une quelconque pertinence à cette mesure. » Dans la plupart des cas, ces catégories précitées déclarent être dépourvues de reconnaissance juridique ou institutionnelle leur permettant d’exercer en toute liberté leurs activités professionnelles. La majorité des répondants dénoncent par ailleurs l’inefficacité des mesures de restriction liées aux déplacements interurbains.

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