Une investigation conjointe menée par Al Jazeera et la Fondation PorCausa, a révélé que le gouvernement sénégalais a utilisé une unité spéciale de contre-terrorisme, formée, équipée et financée par l’Union Européenne, « pour réprimer violemment les manifestations pro-démocratie ». Cette unité, connue sous le nom de GAR-SI, était initialement destinée à lutter contre la criminalité transfrontalière. Cependant, des preuves visuelles, des contrats gouvernementaux espagnols, un rapport d’évaluation confidentiel et des témoignages de multiples sources suggèrent son emploi dans la répression des protestations.
Une enquête d’Al Jazeera révèle les moyens utilisés au Sénégal pour « réprimer » les manifestants.
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Des véhicules blindés, achetés par l’UE pour le GAR-SI Sénégal, ont été identifiés dans une vidéo, montrant l’usage de gaz lacrymogène contre une caravane de protestation organisée par le leader de l’opposition, Ousmane Sonko. Ces unités d’élite, financées par le Fonds d’Urgence Trust pour l’Afrique de l’UE avec un budget de 75 millions d’euros, devaient se situer dans les zones frontalières du Sénégal pour combattre la criminalité transfrontalière.
Le rapport d’évaluation final du projet GAR-SI de 2022 indique que l’unité au Sénégal est parfois déployée pour des missions de « sécurité intérieure » en collaboration avec d’autres unités de police, sans stratégie écrite ni communication formelle au sein de la hiérarchie policière. Les ministères espagnol des Affaires étrangères et de l’Intérieur ont nié l’implication de l’unité dans les manifestations, affirmant qu’il n’existe « aucune preuve » de l’utilisation des unités formées dans le cadre du projet GAR-SI dans ces actions.
Cependant, cette utilisation de l’unité GAR-SI a suscité des inquiétudes parmi les groupes de droits de l’homme. Ousmane Diallo, chercheur au bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a exprimé des préoccupations, indiquant que « ces unités semblent être utilisées pour réprimer les droits humains au lieu de lutter contre le terrorisme ou de surveiller la frontière. »
L’enquête révèle également des cas de gestion inappropriée et de dépenses injustifiées liées au projet GAR-SI Sahel, notamment des erreurs dans le choix de l’équipement de protection et des dépenses totalisant au moins 12 millions d’euros identifiées dans un rapport d’évaluation commandé par la Commission Européenne. Cette affaire s’inscrit dans un scandale de corruption plus large en Espagne, impliquant des traitements préférentiels et de l’extorsion dans l’attribution de contrats publics et l’accès aux fonds d’aide européens.