Dialogue impossible, duel fatal [Contribution]

« Macky Sall et Ousmane Sonko qui prennent le Ndogu ensemble », rompre ensemble le jeûne en ce mois béni du Ramadan. Un post publié sur Facebook le 1 er avril 2023. Tout le monde à l’unanimité, a vite relevé le « poisson d'avril ».

Ousmane Sonko répond à l'appel du président Macky Sall pour lutter contre la pandémie de Covid-19 en mars 2020

C'est-à-dire un canular, une blague, une simple plaisanterie. Une information invraisemblable. Cet état des choses illustre assez le fossé qui existe entre les tenants du pouvoir et l’opposition. Une déchirure si béante qui n'est pas prête à se refermer. Dans une démocratie normale, l’opposition et le pouvoir ont des plages de convergences. Ils peuvent se heurter, se bagarrer, se contredire mais se retrouvent s’il le faut autour de l’essentiel pour le bien de tous.

Dans la nôtre, les positions sont très souvent tranchées. Le Sénégal a connu beaucoup de heurts de par le passé. Pouvoir et opposition se sont entre-déchirés mais le dialogue a eu toujours raison des dissensions qui conduisaient à des scènes de violences, des arrestations, des morts. Même au cœur de terribles histoires après l’assassinat de Me Babacar Seye le 15 mai 1993, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade n’ont pas rompu le contact. Leurs discussions indirectes et directes ont permis d’arrondir les angles.

Aujourd’hui, il n’y a aucun espoir pour apaiser la situation si tendue. La raison est simple : entre un président qui avait très tôt affiché sa volonté de « réduire l’opposition à sa plus simple expression » et une opposition consciente de cet fait, il n’y a aucune place pour des relations de qualité. Une crise de confiance qui a été renforcée par le sort réservé à Karim Wade, tête de gondole d’une traque aux biens mal acquis dont il a été la seule victime. Les autres personnalités qui étaient désignées avec lui, sont pour la plupart avec le régime actuel, une d’entre elles siège au Conseil des ministres avec les bourreaux de son « frère ».

Il y a aussi Khalifa Ababacar Sall ex-maire de Dakar qui a séjourné en prison juste du fait de son refus de « céder » sa place de maire à son allié qu’il a aidé à être président de la République. Car, il est évident que la fameuse caisse d’avance qui lui a valu son séjour à Rebeuss, n’était qu’un prétexte fallacieux pour « corriger » un adversaire qui a refusé de courber l’échine.

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Les actes posés par l’actuel président depuis son arrivée au pouvoir, comme l’apologie de la transhumance, l’exploitation parcimonieuse des rapports des corps de contrôle, ont conduit à cette perception bien répandue selon laquelle, Sall est prêt à tout pour briser ceux qui lui disent non. Des précédents qui ont beaucoup influencé le leader de l’opposition Ousmane Sonko qui assume de plus en plus une posture radicale. Le mal est aujourd’hui trop profond. Les divergences sont énormes au point que l’opposition a décidé de décliner l’invitation du Chef de l’Etat à l’occasion de la fête de l’indépendance ce 4 avril.

Les incertitudes qui ravivent la tension

Les incertitudes autour de la troisième candidature ont pesé sur le procès en diffamation. Les blessés, les morts, des banques fermées, des écoles qui anticipent les vacances, bref, une ville morte. Une tension qui n'en valait pas la peine. Pour « l'honneur d'un citoyen », des pertes énormes et une mobilisation exceptionnelle. Toutes choses qui donnent raison à ceux qui pensaient que ce procès opposant Mame Mbaye Niang à Sonko était avant tout une occasion en or, un pénalty affichent les plus audacieux, pour définitivement écarter un opposant de plus en plus populaire.

Si les nerfs étaient si tendus au point que le Chef d’état Major de la gendarmerie monte au créneau pour avertir violemment les « fauteurs de trouble », c’est que tout pouvait arriver. Les prophéties ont été catastrophistes. Heureusement, rien ne s’est passé. Certes Ousmane Sonko a été condamné à deux mois avec sursis avec une amende de 200 millions Fcfa mais ce que ses partisans redoutaient ne s’est pas produit. Du moins, pas sur ce coup. Son éligibilité n’est pas entamée. La paix est sauve. On peut tous respirer. Maître Olivier Sur l’avocat français de Mame Mbaye Niang a parfaitement résumé les choses. « Il s'agit d'une condamnation symbolique et mesurée », analyse-t-il.

« Une lourde condamnation pourrait embraser le pays. Bravo au débat politique de pouvoir continuer avec les limites requises ». Oui, « les magistrats sont là pour apaiser. » On ne le dira jamais assez. La justice est rendue au nom du peuple. Thémis est là pour nous rassurer. Vivement que cette perception d’une justice à deux vitesses disparaisse à jamais. Nous avons besoin de sérénité pour aborder avec lucidité nos nombreuses préoccupations. Le dialogue entre acteurs doit être une banalité.

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