Sénégal : L'heure du choix et le choix de l'heure

Comme en février-mars 2021, Aïssata Tall Sall est convaincue que des forces « venues de l’extérieur », sont en train de semer le trouble au Sénégal. La ministre des Affaires étrangères a dit la même rengaine au Parlement européen. Mieux ou pire, elle évoque avec conviction apparente des « Salafistes » qui seraient au cœur des dernières manifestations.

Palais présidentiel

23 manifestants tués selon Amnesty International, la plupart des jeunes sans défense. A y regarder de près, la chef de la diplomatie du Sénégal ne fait que suivre l’argumentaire du président de la République qui a été précédé de celui d’Antoine Félix Diome. Le ministre de l’Intérieur si « friand » de l’expression « forces occultes », est d’ailleurs sans nul doute l’inspirateur des autorités de la Police qui, dans une conférence de presse, ont assuré qu’il y avait ses infiltrés parmi les manifestants. Comme pour convaincre, elles ont diffusé des images en prime time. Des images qu’elles n’ont manifestement pas filmées et qui sont remises en cause par le fact-checking d’internautes et surtout par des médias étrangers qui démentent la version officielle.

Le Parlement européen est sans nul doute bien informé de ce qui se passe au Sénégal. Force de l’information. Sinon comment analyser la réponse de ce député Tchèque qui souligne les « prisonniers politiques », les arrestations de journalistes et les « limites » de la démocratie observées ? Même s’il est d’accord pour le « réchauffement des relations », il n’en demeure pas moins convaincu que le président de la République ne doit pas tenter de faire un troisième mandat.

Macky Sall va trancher aujourd’hui. Il sera ou non candidat ? Difficile de répondre de manière catégorique à une telle interrogation qui se pose depuis sa réélection en 2019. L’heure de choisir entre le Oui et le Non a sonné. S'il n’écoute que ses partisans élus locaux réunis au Palais le samedi dernier, il va dire Oui. Eux sont d’avis que sans Lui, point de salut. Qu’ils n’auront plus les possibilités de continuer à gouverner, de poursuivre leur règne, d’être encore à la tête d’un pays si spécial. Car, pour eux, personne d’entre eux n’est capable de gagner face à l’opposition. Que Macky Sall est l’unique champion au sein de la vaste coalition Benno Bokk Yakaar à être capable d’être le capitaine du bateau dont il est le chef incontesté depuis 2012.

Benno est toujours là malgré les secousses. Elle n’est plus la machine électorale de ses premières heures. Les dernières législatives du 31 juillet 2023 précédées des dernières locales ont montré un certain essoufflement. Si on y ajoute d’autres problèmes internes comme les divisions liées aux positionnements de formations politiques qui montrent des velléités d’indépendance au sein de cette coalition, sa force peut être fortement relativisée. Sall est entre deux feux. Une candidature de plus pourrait créer des secousses graves, comme lui-même l’avait prédit. Une non-candidature pourrait l’affaiblir et surprendre ses partisans qui tiennent manifestement à lui comme à la prunelle de leurs yeux. C’est le moindre mal pour tous. Tout cela se passe dans un contexte lourd de tous les dangers.

Un contexte inflammable

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Le Sénégal vit des moments difficiles. La crise est multiforme. Elle est sociale. Elle est économique. Elle est surtout politique. La politique prend tout. Elle impose sa loi inique. Et dans un tel cas de figure, il est difficile de mesurer avec exactitude ce que valent les nombreux « consolidants » projets du président Macky Sall et leur impact dans le vécu quotidien des Sénégalais. Le constat est qu’il y a trop de bruits inutiles qui courent dans ce pays. Et ce n’est pas ce paysan sans semences ni intrants qui se fait entendre pour dire son désarroi tout haut. Ce n’est pas cette ménagère qui peine à remplir son panier qui se lamente. Ce n’est pas ce père de famille aux poches trouées qui crie sa détresse. Les choses sont visiblement à l’envers.

Nos gouvernants donnent l’impression d’avoir d’autres préoccupations. Sont-ils conscients de la lourdeur de leurs responsabilités ? En tout cas, d’affaire en affaire, les voilà en plein dans des dossiers qui nous éloignent de l’essentiel. Comme l’histoire de cette candidature qu’on croyait enterrée depuis 2012. Nous étions si naïfs. Continuons à être naïfs. Aujourd’hui, « à l’heure où les Sénégalais rassemblés attendent un dîner hypothétique, Monsieur le Président, osez prendre date, être du bon côté de l’histoire de notre pays ». Lorsque, debout devant le micro de l’histoire, n’entendez que la parole pure de nos ancêtres, remémorez-vous le sens des versets du Saint Coran que vous avez appris à l’école coranique, dites aux Sénégalaises et aux Sénégalais : « Je prends en mon âme et conscience la décision de ne pas me présenter aux élections présidentielles du 25 février 2024. Je prends l’engagement d’organiser ces élections dans la transparente avec la participation de tous les candidats. » On prie avec le Professeur Mary Teuw Niane.

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