Âgée d'une trentaine d'années, Fatou Ndiaye semble porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules. Assise sur le banc des prévenues, en attente de la sentence que la justice va l'infliger, la mère de famille se demande comment elle en est arrivée là. F. Ndiaye a préféré risquer sa vie pour sauver les apparences. Pour l'histoire, elle a eu le malheur d'entretenir des rapports sexuels non protégés avec son petit-ami.
Poursuivie pour avortement clandestin, Fatou Ndiaye a été jugée, mercredi, par le tribunal des Flagrants délits de Dakar. D’après les informations de "L'Info", elle s'est procurée un médicament au marché noir pour mettre un terme à sa grossesse vieille de 6 mois.
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La prévenue n'a pas tardé à remarquer, quelques temps après, des changements sur son corps. Tous les signes de grossesse étaient présents. Mère de 5 enfants, Fatou réalise sans aucun doute qu'elle est enceinte.
Par peur d'être pointée du doigt, ajoute le journal, la prévenue décide de sauver les apparences en gardant le secret. Personne n'était au courant de cette grossesse. Ni sa sœur avec qui elle vit, encore moins son copain, présumé père de cet enfant, n'a pu déceler en elle ce changement. Elle déambulait avec son ventre de 6 mois sans éveiller le petit soupçon. Fatiguée de jouer à ce jeu, Fatou décide tout bonnement de mettre fin à cette grossesse.
Elle s'est procuré une substance au « marché noir ». Des comprimés qu'elle a bus et qui n'ont pas tardé à faire effet. Elle a été réveillée à 4 heures du matin par une vive douleur. Des maux de ventre qui l'ont conduite aux toilettes où elle voit le fœtus de 25 semaines sortir de ses parties intimes. C’est ainsi qu’elle se rend dans la foulée à l'hôpital.
Les médecins ont constaté une hémorragie abondante. Des analyses plus poussées ont révélé un fœtus complètement expulsé. Ce qui conforte la thèse de l'avortement que les « blouses blanches » appréhendaient depuis le début. Elle sera interpellée, puis placée sous mandat de dépôt le 18 décembre dernier.
A la barre, Fatou Ndiaye conteste les faits. La prévenue déclare avoir pris des médicaments contre la grippe. « Ma fille a attrapé une grippe contagieuse. On a toutes les deux pris ces médicaments », soutient la mère de famille. Qui poursuit: « Si j'ai caché cette grossesse à mon amant, c'est parce que je voulais lui faire la surprise. Marié depuis quelques années, il peinait à avoir un enfant avec sa femme. »
Toutefois, le procureur de la République est convaincu de la culpabilité de la prévenue. D'après le parquet, le petit ami aurait refusé la paternité de cet enfant puisqu'il s'était séparé de la prévenue avant l'histoire de cette grossesse. Le ministère public requiert 2 ans, dont 6 mois ferme, contre la dame Ndiaye. L'avocat de la défense plaide pour la relaxe au bénéfice du doute.
« Le médecin a dit que le fœtus était non viable. Il était en état de cessation de développement. En tout état de cause, ce foetus allait sortir. Dès qu'elle a découvert le fœtus, elle s'est rendue à l'hôpital. Depuis une semaine, elle est détenue alors qu'elle est malade. Son placenta est dans son ventre. Elle doit faire un curetage. Sa vie est en danger », plaide la robe noire. L'affaire est mise en délibérée pour être vidé le 27 décembre prochain.