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Sénégal : femmes en prison pour infanticide et avortement, les graves révélations d’une étude !

244 femmes croupissent dans les prisons sénégalaises. Parmi elles, 54 sont poursuivies pour infanticide et 5 pour avortement clandestin.
Infanticide
Infanticide

Le comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste (Task force) et l’ONG Planned Parenthood Global (PPG) ont commandité une étude sur la situation des femmes en milieu carcéral auteures ou présumées auteures d’infanticide et/ou d’avortement clandestin au Sénégal. 

La population carcérale des femmes poursuivies pour infanticide ou avortement clandestin est liée à une présence effective de femmes dans les prisons sénégalaises pour avortement clandestin et infanticide, selon l'étude. Sur les 37 établissements pénitentiaires que compte la pays, seuls quatorze établissements pénitentiaires abritaient des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin au moment de l’étude. 

Sur les 244 femmes détenues dans l’ensemble de ces établissements pénitentiaires, 59, soit (24,18%) ont été concernées par l’objet de l’étude, 54 soit 22,13% sont poursuivies pour infanticide et 5 soit 2% pour avortement clandestin.  Sur le nombre total de celles poursuivies pour les faits il y a 54 soit 91,5% pour infanticide et 5 soit 8,5% pour avortement clandestin.  

Origine et moyenne d’âge des femmes

La majorité des femmes concernées, soit 61%, est issue des autres régions du Sénégal, 6, 8% de Dakar périphérie et 27,1% de Dakar banlieue. Sur leur nationalité, on compte quatre étrangères dont deux guinéennes, une malienne et une Nigériane et cinquante-cinq sénégalaises. 66,1% ont un âge supérieur à 22 ans avec, une fille de 16 ans la plus jeune et la plus âgée avait plus de 30 ans. 

Statut conjugal des femmes 

47,5% des femmes sont issues de familles polygames. Le groupe comptait vingt-deux femmes célibataires. Vingt-deux sont des femmes mariées et quinze divorcées. Parmi elles, quarante-six ont au moins un enfant en charge et treize n’en ont pas.  

Niveau de scolarisation des femmes

Pour le niveau de scolarisation, dix sont du niveau primaire, 13 collège, trois du cycle secondaire, 4 universitaires, deux instruction coranique et 27 d’absence d’instruction. 

Situation professionnelle des femmes 

Parmi elles, 28 exerçaient une activité professionnelle avant leur détention, 30 étaient restées sans emploi, une n’a pas voulu répondre à la question.  

Les facteurs et causes de l’infanticide et de l’avortement clandestin

Pour le personnel de l’Administration pénitentiaire, les principaux facteurs à l’origine arrivent, dans l’ordre de l’ignorance (75,0%), le manque de morale (61,1%), le manque de valeurs (55,6%), la pauvreté ou les conditions sociales précaires (47,2%). 

Au titre des causes : 58,3% pensent que l’acte d’avortement ou d’infanticide est commis principalement par peur, 38,9 %, soutiennent que ces actes sont dus à l’adultère, 33,3% au viol, 30,6% à la pauvreté, 16,7%, à l’inceste et 16, 7% soutiennent en ignorer les raisons. 

Pour le corps soignant, les principaux facteurs à l’origine arrivent, de 83,3% à cause de l’ignorance, 75% pour le manque de morale, 58,3% pour manque de valeurs, 41,7% en raison de la pauvreté ou de conditions sociales précaires. 

Pour les causes, 66,7% pensent que l’acte d’avortement ou d’infanticide est commis principalement par peur, 58,3% affirment que le viol est à l’origine de ces actes, 50% considèrent que c’est la pauvreté, 41,7% estiment que c’est l’adultère, 41,7% que c’est l’inceste, 8,3%pensent que d’autres considérations peuvent être à l’origine de ces actes d’avortement clandestin ou d’infanticide comme l’exclusion sociale.

‘’Pour les détenues, 30,5% soutiennent ne pas savoir pourquoi elles ont commis l’acte d’avortement ou d’infanticide, 27,1% déclarent avoir commis ces actes par peur, 11,9% affirment avoir été victime de viol, 10,2% déclarent que c’est à cause de l’adultère,15,3% pour d’autres considérations telles que l’ivresse, la mort naturelle de l'enfant, l’abandon du partenaire, 1,7% pour des raisons de santé et 1,7% pour pauvreté’’, a expliqué le document. 

Les conséquences 

Elles tournent essentiellement selon l’étude autour de l’abandon des études, la perte de leur emploi et l’exclusion sociale, comportements de déviance (délinquance, révolte, banditisme), stigmatisation au sein de la famille et de la société, l’exclusion sociale et le manque d’éducation des enfants en charge.

En effet, les détenues avec des enfants en charge pensent qu’étant en prison, personne ne s’occupera du suivi qu’il faut pour leurs enfants.  Concernant les responsabilités dans la commission des actes, pour les agents de l’Administration pénitentiaire, 30,6% considèrent que les parents sont responsables, 75,0% pensent que ce sont les jeunes eux-mêmes qui sont responsables, 8,3% estiment que c’est l’école, 61,1% affirment que c’est la société. 

Pour le corps soignant, les responsabilités des parents sont à hauteur de 50%, des jeunes : 91,7%, de l’école : 25,0%, de la société: 83,3%.  Pour les détenues, la responsabilité des parents est de 28,8%, de l’école : 5,1%, de la société : 32,2%. Recommandations en vue d’un plaidoyer efficace pour l’autorisation de l’avortement médicalisé suite à un viol, un inceste ou en cas de danger de la vie de la mère ou pour l’éradication du phénomène de l’infanticide.

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