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Alimentation et soins : Six milliards de cafards élevés par an en Chine

Entre la Chine et les cafards c'est une vraie histoire d'amour.
Dégustation de cafards en Chine
Dégustation de cafards en Chine

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En Chine, les cafards sont élevés pour recycler les déchets alimentaires et pour les soins. Outre ses vertus thérapeutiques, le cafard s’introduit dans les assiettes. Très croustillante !

Les éleveurs chinois vendent leurs cafards à l’industrie pharmaceutique traditionnelle, pour l’élaboration de médicaments.  Les Chinois se soignent depuis toujours avec des onguents et surtout des potions à base de cafards. Une de ces potions est un véritable succès commercial et médical : prescrite à plus de 40 millions de patients par an et distribuée par plus de 4 000 hôpitaux.  Pas chère en plus : 7 euros les 100 millilitres ! Elle soigne surtout les maux d'estomac, mais pas seulement : il y a même des endroits de Chine où l'on donne encore aux enfants des cafards écrasés avec de l'ail, contre la fièvre et les rots. 

Au-delà des soins, les Chinois mangent bien des cafards. Plusieurs restaurants les servent sautés au piment, spécialité sichuanaise, à de courageux gastronomes.

Connue sous le nom de blatte américaine (Periplaneta americana), cette variété de cafard est l’une des plus répandues. Elle est consommée pour ses vertus supposées contre les ulcères, les affections des voies respiratoires ou comme simple tonifiant.

« Ces bêtes ont un système immunitaire très développé. Les humains peuvent en tirer des bénéfices s’ils les consomment », assure Li Bingcai, agriculteur de la province du Sichuan, bichonne ses créatures à six pattes.

L’arrivée quotidienne de la nourriture provoque une véritable frénésie parmi les insectes. Lorsque Li Bingcai dépose sur de petits plateaux un mélange de poudre de maïs, de fruits et d’épluchures de légumes, les cafards déferlent – rampant les uns sur les autres.

« On les nourrit dans un environnement où l’hygiène est assurée. Ils mangent des vrais aliments, rien d’artificiel », explique-t-il. 

Régulièrement, il plonge une partie de ses pensionnaires dans l’eau bouillante, avant de déshydrater les carcasses. L’an passé, il en a vendu une tonne à une entreprise pharmaceutique, pour un total de 90 000 yuans (12 000 euros).

Li Bingcai possédait une boutique de téléphones portables quand il a eu l’idée en 2016 de se lancer dans le cafard, attiré par les faibles coûts de production et la simplicité de la technique d’élevage de ces animaux très prolifiques.

Il vend aujourd’hui l’essentiel de sa production via un magasin en ligne. Un demi-kilo d’insectes déshydratés s’écoule entre 100 et 600 yuans (de 13 à 79 euros).

Dans la ville voisine de Xichang, un groupe pharmaceutique chinois a créé le plus grand site de production de cafards au monde : 6 milliards d’insectes y sont élevés – et surveillés par un dispositif d’intelligence artificielle.

Les blattes sont mentionnées dans des écrits de médecine traditionnelle chinoise depuis le XVIe siècle, lors de leur insertion dans le Bencao gangmu, un recueil de référence sur les propriétés médicinales des plantes, animaux et minéraux.

« Très croustillante »

Les cafards ont des propriétés détoxifiantes et diurétiques, affirme Liu Daoyuan, professeur au Centre médical Yongshou, à Yinchuan. « C’est également efficace pour soulager les maux de gorge, les angines ou les cirrhoses du foie », note-t-il.

D’autres experts de médecine chinoise soulignent cependant que l’élevage de cafards ne fait pas encore l’objet de normes très strictes, rendant possible la survenue d’effets indésirables.

Li Bingcai rêve de convaincre ses contemporains de manger des blattes. Pour cela, il collabore avec un restaurant local.

Des habitants de la région viennent régulièrement y goûter les insectes, attirés par la publicité positive autour de leurs bénéfices supposés, explique le patron de l’établissement, Fu Youqiang. Il cuisine jusqu’à 30 plats de cafards par mois.

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