En Côte d’Ivoire, la démission de Patrick Achi de son poste de Premier ministre, cachait très mal la volonté du président Alassane Ouattara de manœuvrer pour des raisons opportunément stratégiques.
Les raisons invoquées c’est-à-dire « tenir compte de la conjoncture économique mondiale et la nécessaire réduction des dépenses de l’Etat » pour la mise en place d'un «gouvernement resserré », n'étaient que superficielles.
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M. Achi retrouve sa station, le gouvernement qui était de 41 ministres sera sensiblement réduit. Mais les principales motivations de Ouattara résident dans la nomination du futur dirigeant de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
En choisissant Jean Claude Brou désormais ancien président de la Commission de la Cedeao en remplacement de Koné Meyliet devenu vice-président de la Côte d’Ivoire, il ne fait que poursuivre son option de régenter à sa guise les régies financières malienne et burkinabè. C’est une Lapalissade que de dire qu’Abidjan n’est pas en odeur de sainteté avec les dirigeants des deux juntes respectives de Bamako et de Ouagadougou. Et Brou qui a été au cœur des initiatives au moment des sévères sanctions contre le Mali, est connu pour être un homme lige de Ouattara, prêt à tout pour respecter à la lettre ses moindres desiderata. Il sera très facile donc de le téléguider non pas seulement contre des putschistes mais décourager tous ceux qui seraient tentés de s'opposer au « maître d’Abidjan ».
Si la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’a toujours pas suspendu les sanctions contre le Mali comme le demande la Cour de Justice de l’Uemoa, n’est-il pas parce que Brou pion de Ouattara s’y oppose ? Jean Claude Brou ne fera manifestement que continuer le « job » de sape entamé à la Cedeao. Le président ivoirien a aussi fait d’une pierre deux coups. Il se choisit ainsi un successeur. Lui qui avait décidé de ne pas se présenter à la présidentielle avant de se raviser, affiche toute sa volonté de laisser la place à la « jeune génération ».