CAN 2023 : Victor Osimhen, le "facteur X" du Nigeria (Portrait)

Le Nigeria est arrivé à la CAN avec une armada offensive redoutable et redoutée. Á sa tête Victor Osinhem, 25 ans, fraichement auréolé du titre de meilleur joueur africain de l'année. La star du Napoli a surtout mis son talent au service du collectif, aidant les Super Eagles à se hisser jusqu'en finale, qu'ils disputeront dimanche face à la Côte d'Ivoire.

V Oshimen

"Nous avons beaucoup de joueurs talentueux avec le Nigeria. Le but sera de remporter la CAN en janvier. Nous serons concentrés à 100 %." Voici ce qu'annonçait Victor Osimhen début décembre en recevant le Prix du joueur africain de l'année. Il est désormais à un match de remplir cet objectif avec les Super Eagles, qui affrontent la Côte d'Ivoire dimanche 11 février en finale de la CAN 2024.

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Tête d'affiche d'une attaque nigériane qui en compte beaucoup d'autres - Moses Simon, Samuel Chukwueze, Ademola Lookman, Kelechi Iheanacho - Victor Osimhen s'est surtout illustré dans ce tournoi par son sens du collectif et son engagement total. Des qualités qu'il met habituellement au service du Napoli, qu'il a mené au titre en Italie la saison dernière. "Victor Osimhen, c'est le meilleur joueur africain de l'année 2023. C'est un facteur X", disait de lui l'entraîneur adjoint du Cameroun, éliminé par le Nigeria en quarts de finale.

S'il n'a inscrit qu'un seul but, contre la Guinée Équatoriale (1-1), il a offert une passe décisive à Lookman, qu'il abreuve régulièrement de très bons ballons, et a aussi provoqué deux penalties, transformés par son capitaine William Troost-Ekong.

"Il est à fond dans chaque match", apprécie son sélectionneur José Peseiro. "Il sait qu'il a été important. Il a été touché par des contacts à plusieurs reprises." Il s'est d'ailleurs fait une frayeur avant la demi-finale, placé sous surveillance médicale à cause d'une "gêne à l'abdomen. Mais aussi rapide à se rétablir que sur le terrain, il a finalement repris l'entraînement après 24 heures plus tard.

  • Le Drogba nigérian ?
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Car sur le terrain, Osimhen (21 buts en 34 sélections) est partout : en attaque bien sûr, où sa vitesse en contre a laissé sur place quelques défenseurs adverses, mais aussi au pressing pour gêner les relances. Tout comme son idole, Osimhen a connu un chemin semé d'embuche avant d'éclore au plus haut niveau. Et c'est d'ailleurs avec les Super Eagles qu'il connaît ses premiers instants de gloire dans le football.

Benjamin de sept enfants, il grandit au pied d'Olusosun, l'immense décharge de Lagos, et perd rapidement sa mère tandis que son père peine à trouver du travail. "Dès mon plus jeune âge, j'ai voulu me consacrer au football parce que c'est le ballon qui m'a toujours rendu heureux et m'a aidé à oublier ce qui m'entourait", avait-il déclaré au Napoli Magazine en 2022. Le gosse de Lagos s'accroche au football comme à une bouée de sauvetage et il rejoint l’Ultimate Strikers Academy de Lagos.

Son destin bascule lorsqu'il rejoint les sélections nationales de jeunes. Emmanuel Amunike, légende du football nigérian et sélectionneur des moins de 17 ans des Super Eagles, décide de l'emmener disputer la Coupe d'Afrique des nations 2015 des moins de 17 ans.

Il termine meilleur buteur de la compétition (4 buts). En toute logique, il poursuit l'aventure avec Amunike à la Coupe du monde U17. Dix buts plus tard – un record –, Victor Osimhen hisse les jeunes Nigérians sur le toit du monde. Et le prodige attire les regards aux quatre coins de l'Europe.

  • La galère avant l'éclosion

C'est finalement le club allemand de Wolfsburg qui décroche le gros lot. Il signe son contrat début 2017 mais Victor Osimhen multiplie les galères. Les blessures sont récurrentes, l'adaptation au climat européen se passe mal et il ne joue quasiment pas pour sa première demi-saison. Pire, après une visite à sa famille lors de la trêve estivale, il contracte la malaria, ce qui le prive de la préparation de début de saison. Le club allemand ne compte dès lors plus sur lui.

Proposé en prêt, Osimhen atterrit donc en Belgique à Charleroi, en manque de confiance et à court de forme. Mais le miracle opère ; le Nigérian se place enfin à la hauteur des promesses placées en lui. Son bilan en fait l'un des artificiers les plus en vue de son championnat, avec 19 buts inscrits sur la saison 2018/2019. Charleroi lève l'option d'achat et le revend dans la foulée à Lille.

Au Losc, il a la lourde charge de succéder à l'Ivoirien Nicolas Pépé, comme fer de lance de l'attaque. Nouveau pari réussi avec un bilan de fin de saison, même tronqué par la crise sanitaire liée au Covid-19, plus que positif : 13 buts et quatre passes décisives en 27 matchs. Clin d'œil de l'histoire, il succède d'ailleurs à Pépé au palmarès du Prix Marc-Vivien Foé en 2020, décerné par France 24 et RFI au meilleur joueur africain de Ligue 1.

  • Buteur masqué

De quoi attirer une nouvelle fois les convoitises... C'est finalement Naples qui casse sa tirelire pour 80 millions.

Victor Osimhen va se montrer digne de la confiance placée en lui : il devient très rapidement indiscutable, ainsi que la coqueluche des supporters, qui le surnomme le "buteur masqué". Depuis un choc brutal fin 2021 qui lui avait causé de multiples fractures de l'orbite de l'œil et de la pommette gauche, l'attaquant international nigérian évolue en effet avec un masque de protection frappé du logo VO9, devenu un objet fétiche convoité par les tifosis et fans des Super Eagles.

En 2023, Osimhen porte le Napoli jusqu'à son troisième titre de champion d'Italie, inscrivant 26 buts, dont celui qui sacre officiellement le club de Diego Maradona à 5 journées de la fin. Il est aussi le premier Africain à terminer meilleur buteur du championnat d'Italie. "C'est un joueur qui fait la fierté de l'Afrique", résume l'Ivoirien Emmanuel Eboué.

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